Le mariage arrangé (Omiai – お見合い) ou (Miai – 見合い) est une séculaire pratique japonaise d’intermédiation permettant la rencontre d’un homme et d’une femme en vue d’un éventuel mariage. Le terme « Omiai » ou « miai » renvoie tout à la fois à la rencontre entre les candidats au mariage que toute la procédure allant de la sélection des candidats au mariage.
Omiai, une pratique d’hier et d’aujourd’hui
La pratique du « miai » remonte au 16èmesiècle. A cette époque la femme n’avait que peut d’influence sur sa destinée. Si le prétendant mâle était intéressé par la candidate qu’on lui avait présentée, il était alors de coutume qu’il laisse derrière lui son éventail. Il reviendrait alors le chercher…
Aujourd’hui les pratiques on profondément évoluées et rien ne s’opère contre la volonté des candidats (hommes et femmes) au mariage. Jusqu’à la seconde guerre mondiale environ 70% des couples japonais étaient passés par les services d’un intermédiaire (nakōdo). En 2005 seuls 6.4% des mariages résultent de l’Omiai. Les chiffres ici avancés sont issus de l’Institut national japonais de la population et de la sécurité sociale.
Cette chute statistique s’explique par le développement des « mariages dit d’amour » (ren’ai kekkon c’est-à-dire sans l’entremise d’un tiers), par la concurrence des agences matrimoniales mais aussi des nouvelles pratiques liées au développement de l’Internet (chat, sites de rencontre,…)
Cet apparent désamour ne doit cependant pas masquer l’importance que revêt cette pratique au sein de la société japonaise. Le miai conserve ainsi toute son utilité passé un certain âge.
Il y aurait au Japon une sorte de date limite sociale au-delà de laquelle les femmes comme les hommes seraient « socialement handicapé ». Cette date (tekireiki) se situe autour des 25/30 ans. Elle diffère selon que vous êtes un homme ou une femme.
Passé cette date socialement convenue les femmes seraient, à l’instar d’une denrée alimentaire non consommée dans les temps, « expirées ». Certains les comparent à « un gâteau de noël » ou au « toshikoshi soba » un plat de pâte que l’on déguste le dernier jour de l’année.
Les hommes non mariés peuvent, quant à eux, être considérés comme n’étant pas de confiance, inapte à prendre des responsabilités ou incapable de travailler en équipe. Si ce dernier désire reprendre l’entreprise familiale, il lui sera sans doute conseiller de se marier.
La sélection des candidats
Un rendez-vous est organisé entre la famille ayant requis les services du nakōdo et le nakōdo (l’intermédiaire). Sous le terme famille on comprend généralement les parents et l’enfant devant être marié.
Lors de ce rendez-vous le nakōdo présente toute une liste de candidats possibles. Chaque candidat est introduit par le nakōdo à l’aide d’une photographie et d’une fiche (rirekisho) regroupant un ensemble d’information sur chacun des membres de sa famille. Sur cette fiche sont notamment portées les noms, prénoms, date de naissance, domiciliation, statut marital, profession et formation de chacun.
Les informations figurant sur la fiche du candidat (Shinjosho) peuvent en sus inclure le poids et la taille de celui-ci, son état de santé et ses hobbies.
La sélection s’opère en premier lieu sur des critères objectifs la profession et le niveau d’enseignement du candidat.
A l’issu de ce rendez-vous, la famille établit la liste des candidats retenus qui nécessite de la part du nakōdo une enquête plus approfondie. Cette enquête complémentaire vise à s’assurer de la parfaite harmonie entre les familles (iegara). L’ « harmonie » s’apprécie en fonction de critères sociaux. Une trop grande discordance sociale entre les familles sera à source de gêne et de confusion lors de la première rencontre entre les familles et peut être à l’origine d’un échec de l’Omiai.
Pour mener cette enquête certaines familles n’hésitent pas à recourir au service de détectives privés. Plus simplement le nakōdo peut se livrer à une enquête de voisinage afin de recueillir un maximum d’information (Kuchikiki). Le nakōdo comparera les renseignements obtenus avec les informations figurants sur ses fiches et les exigences de la famille (Kikiaweseru/ toriawaseru).
Une fois le/la candidate idéal(e) sélectionné(e) et sous réserve que celui-ci ou celle-ci l’accepte, un premier rendez-vous est organisé.
La première rencontre
Par le passé, il était coutume de permettre à l’homme d’apercevoir la femme que l’on voulait lui présenter. Cette pratique (kagemi) visait à éviter de se retrouver dans une situation délicate liée à l’attitude de rejet que celui-ci pourrait avoir.
De nos jours nul besoin de recourir à pareil stratagème, photographies et petites vidéos permettent d’éviter ce type de désagrément aussi du côté candidat que de la candidate.
Il revient au nakōdo d’organiser la rencontre. Il en détermine ainsi le lieu (généralement dans un hôtel), la date, l’horaire et la forme. La rencontre entre les candidats à l’Omiai à lieu en la présence de leurs parents respectifs ainsi que celle du nakōdo. Le nakōdo arrive sur les lieux le premier afin de s’assurer que tout est en ordre. Il reçoit lui-même chaque famille et place chaque participants.
A cette occasion certains sujets sont soigneusement évités : la religion, la politique, l’argent, les amours passés …
Le nakōdo introduit formellement les familles puis présente la candidate à l’homme avant que celle-ci ne lui soit à son tour présentée. Les familles échangent quelques mots, observent les candidats afin d’en déterminer la « mariabilité », puis, à la fin de l’entrevue conseillent au « couple » de sortir seul afin que ceux-ci apprennent à se mieux connaître.
Les candidats n’ont aucune obligation de se revoir, ou de contracter mariage. Ils peuvent librement choisir de s’unir à une autre personne. La famille, le candidat à l’origine du refus formulera alors auprès du nakōdo des excuses auprès de l’autre famille (Kotowari). Au-contraire les candidats peuvent décider de se revoir s’ils le désirent. Aucune des futurs rencontres ne sera considérée comme un engagement bien que l’expectation des familles réciproques soit grande. Le nombre de rencontre n’est pas fixé mais il est de tradition de prendre une décision au troisième rendez-vous. Si le « couple » décide de s’engager formellement un mariage sera célébré. On parle alors de mariage arrangé (miai kekkon – 見合い結婚) par opposition au mariage d’amour (ren’ai kekkon -恋愛結婚).
Photographie : Mariage shinto au sanctuaire Meiji jingu – Japon ©Yasufumi Nishi / © JNTO