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Textile Tsutsugaki

Tsutsugaki veste
Veste de pompier (kajibanten). Motif Saito Oniwakamaru (Oniwakamaru de la région de Saito, temple d’Enryakuji), Japon, toile de coton, kakie (motifs peints au pinceau et à la teinture), 120,1 x 122,2 cm

Le musée national des arts asiatiques Guimet (France) a organisé du 10 juillet au 7 octobre 2013 une exposition exceptionnelle dédiée à l’art méconnu du « tsutsugaki ». Une occasion rare de faire la découverte de pièces uniques en dehors du japon !

Le « tsutsugaki » (筒描) est une technique traditionnelle japonaise de teinture de textiles à l’indigo. La technicité et la maîtrise des artisans ayant utilisés ce procédé sont telles que le « tsutsugaki » est souvent assimilé à un art. Lorsqu’il est utilisé le vocable « tsutsugaki » peut aussi bien faire référence à la technique employée qu’aux œuvres textiles pouvant en résulter.

Origine

Il semble que l’art du « tsutsugaki » naît sous l’ère de Muromachi (1337-1573) est atteint son apogée au cours de l’époque d’Edo (1603-1868). La « révolution industrielle », la modernisation du japon sous l’ère Meiji (1868, l’arrivée de procédés moderne de production et de teinture du textile ont progressivement raison de cette tradition multi séculaire. Le « tsutsugaki » décline lentement avant de quasiment disparaître à la fin de la seconde guerre mondiale. Il ne reste aujourd’hui au japon que quelques artisans conservant le savoir faire nécessaire au « tsutsugaki ».

Technique

Tsutsugaki futon
Dessus de lit (futon). Motif Dragon et nuages, Bashou (bananier japonais), trésors et bijoux bouddhiques, pivoines, Japon, toile de coton, tsutsugaki, 222,9 x 160,2 cm

Le terme « tsutsugaki » vient de la combinaison des mots « tsutsu » (tube) et « gaki » (dessin). La terminologie employée reflète bien la technique. En effet, des motifs sont dessinés sur le tissu puis protégés avec une colle à base de riz sortant d’un tube pressé par l’artisan avant que l’ensemble soit livré à la teinture.

Le dessin, très élaboré, est réalisé sur quatre ou cinq bandes de tissu teintes séparément, puis jointes entre elles de façon à ce que les coutures soient le moins visibles possible. L’ensemble est alors surprenant car on a l’impression que l’œuvre obtenue n’a été confectionnée qu’à partir d’une seule et unique pièce de textile.

Le processus de création fait appel à plusieurs compétences et il n’est pas rare que plusieurs artistes contribuent au processus de création. C’est ainsi que peuvent intervenir sur une même étoffe le dessinateur, l’artisan et le teinturier. Dans un premier temps, le dessinateur élabore son œuvre, à la main, sur des pièces de coton. L’artisan a pour tâche d’apposer la pâte de riz par réserve aux endroits idoines du dessin. Le dessin est ainsi protégé et le tissu peut être teint. La pièce de tissu peut être baignée plusieurs fois dans un bain d’indigo en fonction de l’effet recherché. Les couleurs sont ensuite apposées à la main.

On suspecte que des artistes de premier rang venant du monde de l’estampe (ukiyo-e) ont contribué à la confection de certains « tsutsugaki ».

Motifs

Tsutsugaki kimono
Kimono pour la nuit (yogi). Motif Sotestu (arbre japonais) et chiens occidentaux, Japon, toile de coton, tsutsugaki, 158,1 x 145,1 cm.

Plus que la technique, les motifs ornant le tissu sont particulièrement remarquables. Le soin apporté aux détails et aux symboles et la vivacité des couleurs sont des éléments uniques et typiques de l’art du « tsutsugaki ».

Les motifs des « tsutsugaki » diffèrent d’une région à l’autre. Au nord-est du Japon les motifs représentant des singes prédominent, tandis qu’à Kyûshû, au sud-est de l’archipel, le shishi (lion japonais) et le dragon s’imposent dans des coloris particulièrement vifs et éclatants.

Chacun des motifs ornant ces pièces d’étoffe était choisi avec soin pour sa valeur symbolique de bon augure, se voulant apporter longévité et prospérité à leurs possesseurs. Ainsi, les futons de mariage étaient souvent décorés de canards mandarins, symbole de relations harmonieuses dans le couple.

Au-delà de leurs qualités esthétiques, les « tsutsugaki » sont des témoignages de la culture japonaise. Les « tsutsugaki » étaient la plupart du temps commandés à l’occasion de grands événements rythmant la vie familiale et collective: mariages, naissances, décors d’autels pour cérémonies religieuses… L’usage des « tsutsugaki » imprégnait la vie quotidienne des Japonais, avec ses bannières et ses kimonos de fête.

Source : Dossier de presse de l’exposition Tsutsugaki textiles indigo du Japon du musée Guimet. Crédit photographique : photo n°1 Yasuhiro Kobayashi, copyright : DR– n°2 : Yasuhiro Kobayashi. – n°3 : Yasuhiro Kobayashi.