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Tsuba

Le « tsuba » désigne la garde du sabre permettant le passage de la lame par un interstice de forme plus ou moins triangulaire dénommé Nakago-ana. Le Nakago-ana se trouvait souvent flanqué de deux autres trous permettant le passage du Kôgai et du Kozuka(voir Fig. n°1). Il vise tout à la fois à protéger et empêcher la main de glisser sur le tranchant du sabre ainsi que d’assurer l’équilibre de celui-ci en contrebalançant le poids de la lame.

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Fig n°1. Cliquez pour agrandir

A partir du XVIIe siècle au delà de la fonction purement utilitaire vient se juxtaposer une recherche de l’esthétisme, le tsuba devient une œuvre d’art à part entière. Il sert dès lors  à marquer l’appartenance sociale de son possesseur ainsi que d’exprimer ses idéaux et convictions. Il est ainsi possible de trouver des symboles chrétiens sur certains tsuba alors même que la religion chrétienne était proscrite sous Toyotomi Hideyoshi et totalement interdite à partir de 1613 sous Tokugawa Ieyasu.

Les tsubas sont fabriqués à partir d’une grande variété de métaux notamment en  fer, cuivre (rouge) et ses dérivés tels que  le cuivre jaune, bronze, shibuichishakudôrogin mais aussi en or et/ou argent.

Chaque tsuba a une taille (5 à 10 cm), une tranche (Rim) et une forme particulière. Il est cependant possible d’identifier une dizaine de formes différentes: ronde (Marugata),« carrée » à angles arrondies (Kaku gata, Yuko Ito gata), quadrilobée (Moko gata, Tate Ito gata), rectangulaire (Aori gata)…

Il semble que les premier tsubas remontent au VIsiècle (Shitogi). De forme beaucoup plus simple (en forme de goutte d’eau) ils étaient généralement composés d’un alliage de cuivre ou de fer. Avant cette date certains tsubas devaient être importés (Hôju). Il est encore possible aujourd’hui de trouver des artisans spécialisés dans la fabrication de tsubas.

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Fig n°2. Cliquez pour agrandir

Il est possible de classer les tsubas en fonction de leur « style » permettant d’identifier l’appartenance à une école, une période et/ou un facteur particulier. Certains tsubas étant signés il devient « aisé » d’en retracer l’histoire ou plutôt celle du facteur.

Il est possible de citer parmi les écoles les plus célèbres notamment celles de :

Asakusa : de la province d’Asakusa durant la période Edo;

Chôshû, Ônin, Tachikanagoshi, tôcho : écoles du XVIe siècle, respectivement caractérisées par (i) ses tsubas en fer (ii) ses décors de reliefs en appliqué (iii) l’utilisation de métal tendre avec des incrustations (iv) tusba en fer découpé pour lessabres de parade;

Gomoku-zôgan, Kaneie (fushimi), Shingen, Shôami : fin du XVIe siècle;

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Fig n°3. Cliquez pour agrandir

Gotô : école fondée par Gotô Yujô (1453-1512) caractérisé par un fond constitué de point en relief;

Heian-jô, Hôan, Kaga, Sukashi : début du XVIIe siècle. La dernière école citée étant « spécialisée » dans les tsubas en fer découpé;

Higo : fondée dans la province du même non par Hayashi Matashichi;

Jajushi kisaemon de la ville de Nagasaki et dont les tsuba ont une touche chinoise tout comme les tsubas de l’école de Sôten;

Kamakura de la ville de Kamakura dont les tsubas en fer sont influencés par l’art chinois, sculptés et laqués;

Kinai : en fer découpé; Ko-Kinko en métal tendre et aux décors chargés; Myochin:école créée au XVIIe siècle utilisant le fer forgé; Ôtuki (Tôkyô), Tanaka: écoles du XIXesiècle…

Chaque école a sa propre personnalité avec ses facteurs célèbres (Shimuzu JingôKanô Matsuo…) et ses propres techniques de réalisation. Le  classement exposé ci-dessus n’est absolument pas exhaustif nous pourrions citer l’école de kamayama qui débuta sous la période Muromachi caractérisée pour ses tsubas en fer proche d’un autre style, celui d’Owari.