Le katana (刀) est un sabre japonais (nihontô – 日本刀) en acier forgé (tama-hagane), d’une longueur supérieure à 60 cm, d’un seul tranchant côté convexe.
Il se porte côté gauche, glissé à la ceinture (obi), tranchant vers le haut. Il est souvent accompagné d’un autre sabre d’une taille plus courte (60 cm maximum) nommé Wakizashi (脇差). L’ensemble wakizashi et katana forme un tout nommé « daishō » (大小). Seuls les samouraïs avaient le privilège du port des 2 sabres (daishō).
Le sabre japonais à travers l’histoire | Les différentes parties du katana | Les différentes tailles de sabre |
Les écoles de forge | La forge | Respecter le sabre |
Le sabre japonais à travers l’histoire
Les premières armes proches du sabre ou de l’épée sont apparues sur l’archipel avec les premières techniques de forge en provenance de chine entre 300 av. J.-C. et 250 ap. J.-C.
Les lames alors forgées étaient de piètre qualité. Les forgerons ne maîtrisaient pas la trempe, le pliage et la sélection du minerai. Les épées étaient souvent droites, d’estoc et à double tranchant. L’ensemble de ces armes sont indifféremment regroupées sous le terme de « jôkotô ». A partir de l’ère Heian (794 -1185) jusqu’à l’ère de Muromachi (1336 et 1573) c’est la naissance du sabre japonais. Les lames fabriquées durant cette période portent le nom de koto (古刀). C’est durant cette période que, poussé par les guerres, le sabre va se courber, des écoles de forge vont s’organiser. A partir de 1185 jusqu’en 1392 les lames vont avoir tendance à s’allonger (jusqu’à 150 cm) et à perdre le côté esthétique qu’elles pouvaient avoir lors de la période antérieure. Entre 1336 et 1573 (ère Muromachi) la taille des sabres reprend ses dimensions traditionnelles (environ 70 cm). Durant cette période les sabres produits en masse sont souvent de moins bonne facture.
Durant l’ère Azuchi Momoyama (1573 à 1603) les lames continuent d’être produites en grande quantité. L’intensification des échanges commerciaux et la mise en place de routes commerciales permettent de satisfaire l’insatiable demande de sabre. En revanche, en dépit de la diffusion des savoirs des techniques de forge (donc une dilution des techniques jusque ici maitrisées par certaines écoles) et un meilleur approvisionnement en minerai de fer, la qualité des lames n’est pas satisfaisante. Le fer utilisé n’est pas de bonne qualité et la forge moins soignée. L’esthétique des sabres arriva en même temps que la paix au début de l’ère Edo. Les sabres fabriqués entre 1573 et environ 1800 sont nommés « shintô » (新刀) (nouveaux sabres). A partir de 1800 jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’ensemble des sabres créés portent le nom de shin-shintô (新々刀). L’interdiction du port du sabre au début de l’ère Meiji, la paix, l’avènement d’une classe bourgeoise sont autant d’éléments qui vont faire du sabre un objet d’ornement plus qu’une arme de guerre. L’accent est donc mis sur le raffinement de celui-ci.
Pendant la seconde guerre mondiale, un grand nombre de sabres sont fabriqués. Il ne respecte guére les traditions de forge et sont produits industriellement. Ces sabres sont désignés par le terme de showatô.
Il existe encore aujourd’hui des forgerons produisant des katana d’une grande valeur esthétique. Ces sabres sont nommés « gendaitô » (現代刀).
Les différentes parties du katana
La poignée
La poignée (tsuka) est constituée en bois de magnolia recouverte d’une peau de requin ou de raie (same).
Elle est souvent agrémentée de « menuki » (petits ornements de métal aidant aussi à la prise) entrelacés dans des cordelettes de soie ou de coton (tsuka ito / tsuka maki). Le pommeau (kashira), en métal, est souvent rehaussé de décoration.
Le « menuki » est à ne pas confondre avec le « mekugi », une petite pièce de bambou qui traverse de part en part la tsuka et la soie de la lame (nakago) afin de les maintenir l’une à l’autre. Une boucle de cuivre (fuchi) maintient le tout. La soie d’un sabre est la partie pénétrant à l’intérieur de la poignée. L’orifice par lequel passe le « mekugi » se nomme « mekugiana ».
Certaines poignées sont perforées de 2 trous (ude-nûki-ana) permettant de faire passer une lanière (ude-nuki) sécurisant la prise en main du sabre.
La poignée est séparée de la lame par la garde (tsuba). Le « seppa » situé entre la garde et la lame solidarise la lame et la garde et sert aussi à guider la lame lors de son introduction dans la poignée.
Non loin de la garde se trouve un autre élément nommé « habaki ». Cette pièce est une sorte de sécurité évitant que, lorsque le sabre se trouve dans son fourreau (saya), celui-ci ne tombe.
La lame
Le tranchant de la lame se nomme « hassaki ». La partie plus épaisse de la lame est désignée sous le terme de « yokote ».
Le dos de la lame comporte 2 parties : la soie (hitoe) et la lame proprement dite (mune). Une petite encoche (mune machi) située sur le dos de la lame permet de différencier la soie et la lame. La soie de la lame peut-être éventuellement signée (mei) par son facteur.
A angle droit ou arrondies, les arêtes de la lame portent le nom de « shinogiji ». Elles se rejoignent au niveau de la pointe (kissaki) dont l’extrémité est nommée « mitsukado ». Le triangle que forme la pointe et dont le « mitsukado » est le sommet se nomme « mono-uchi ».
Au niveau des flancs la partie trempée (bôshi) forme une ligne nommée ligne de trempe (hamon), la gorge (bohi) est présente pour alléger la lame.
Le fourreau
Le fourreau (saya) est fabriqué en bois de magnolia. Il est souvent recouvert de laque et richement orné. L’extrémité du fourreau est protégée d’un capuchon de métal (kojiri). De multiples anneaux se trouvent fixés sur le fourreau. L’un de ces anneaux sert à renforcer l’entrée du fourreau (Kuchi-gane), un second empêche le fourreau, glissé dans la ceinture, de tomber au sol (origane), un autre enfin (kuri-gata) permet de faire passer un cordon (sageo) servant à sécuriser l’ensemble.
Les différentes tailles de sabres
La longueur des katana n’est pas réglementée. En revanche il est de tradition de regrouper sous ce terme l’ensemble des lames d’une longueur variant de 70 et 76 cm.
Longueur de la lame | Nom du sabre |
De 8 à 15 cm | Kwaiken |
De 23 à 30 cm | Yoroi toshi |
De 28 à 41 cm | Tantô |
De 55 à 58 cm | Wakizashi |
De 60 à 66 cm | Chisakatana |
De 70 à 76 cm | Katana |
De 80 to 90 cm | Nodachi |
Plus de 84 cm | Jin taichi |
Avertissement: Noms et longueurs de lame correspondantes peuvent se recouper et varier d’un ouvrage à l’autre.
Les écoles de forge
Ces écoles (gokaden – 五ヶ伝) sont classiquement regroupées en fonction de leur dispersion géographique et de la technique employée. Cette classification ne s’applique qu’aux sabres fabriqués jusqu’au début du XVIIéme siècle. Passé cette date, les traditions de forges ont tendance à se disperser. On distingue ainsi 5 centres de forge de sabre pouvant regrouper plusieurs écoles. Afin de limiter la dissémination des secrets de fabrication des sabres, les écoles de forges sont souvent tenues par les membres d’une même famille. Les 5 centres (style ou tradition) de forge sont: Bizen, Mino, Sôchu, Yamashiro et Yamato.
La forge
La forge d’une lame est un processus assez long. La première étape consiste à collecter suffisamment de minerai afin de pouvoir forger la lame. Cette étape de collecte semble aujourd’hui chose aisée mais à l’époque du japon médiéval cela pouvait être une vraie gageure. Le développement du commerce notamment avec le monde occidental va fluidifier l’approvisionnement en minerai. L’acier récolté est ensuite trié en fonction de sa dureté.
La lame est constituée d’acier tendre en son cœur, dur en extérieur.
L’acier est ensuite purifié par concassage à haute température. L’acier est ensuite fondu sous forme de lingot. Il est ensuite plié et replié de multiple fois. Plus le métal est plié plus il gagne en résistance. L’objectif recherché n’est pas d’obtenir la lame la plus résistante possible, car celle-ci perdrait alors en souplesse. Les différentes couches d’acier ainsi pliées vont donner le grain de la lame. Le grain de la lame est spécifique à chaque école de forge qui a sa propre technique de forge. L’observation du grain permet donc d’identifier une école, donc une provenance et éventuellement un forgeron. La lame ainsi forgée, étirée, martelée est ensuite trempée. Ce processus permet de solidifier le tranchant de la lame. En effet le choc thermique provoqué par la trempe fait changer les propriétés de l’acier en le durcissant. Le dos de la lame est protégé de la trempe afin que cette partie du sabre conserve sa souplesse. La lame est ensuite légèrement poli.
Respecter le sabre
Un sabre est une œuvre d’art fragile mais c’est aussi une arme qui doit être maniée avec précaution. Il est impératif de l’entretenir régulièrement. Une lame ne se conserve pas dans son fourreau. Elle est entreposée sur un petit présentoir, tranchant vers le haut. Il ne faut jamais toucher une lame avec ses mains. L’acidité du corps endommage la lame. Pour des raisons de sécurité, en dehors d’une observation approfondie, la lame ne doit jamais être sortie complètement de son fourreau. Pour entretenir la lame des kits sont vendus dans le commerce. Dans ce kit vous trouverez, une huile (qui ne tache pas), du papier de riz pour nettoyer la lame, un tampon de soie rempli de poudre (uchiko), un chasse mekugi (mekugi-nuki). Le « mekugi » est une petite pièce de bambou traversant la poignée afin de la solidariser à la lame.
Photographie : n°1&2 : GNUFDL V1.2, n°3 : forge ©Okayama-ken Kanko Renmei / ©JNTO