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Ikebana

GénéralitésHistoire et évolutionLes différents courants
Exemple et symboleLes écoles

Généralités

Le mot Ikebana (生花) ou Ka-dô (la voie des fleurs – 華道) vient du japonais «ikeru», faire vivre, et de hana, fleur. Ce terme peut être traduit en français par «arrangement floral».
L’Ikebana, est un art dans lequel la disposition des éléments du bouquet est réglée par une symbolique précise, héritée du rituel bouddhiste visant, au delà de la recherche d’un certain esthétisme, à la concentration, dans le but de s’unir à ce que les Japonais appellent «le cœur des fleurs». Cet art se distingue nettement des compositions florales occidentales par sa symbolique, son asymétrie et sa recherche de l’utilisation de l’espace.

Histoire et évolution

L’Ikebana qui puiserait sa source dans les rites voués aux divinités indiennes serait, à l’instar du bouddhisme, vraisemblablement passé par la Chine et/ou la Corée avant d’arriver au Japon.

Au VIe siècle, en même temps que le bouddhisme fait son apparition dans l’archipel, commence à s’établir les bases de l’arrangement floral. Les compositions florales de l’époque ne portent pas encore le nom d’’Ikebana et cet art en devenir n’est pas encore codifié.

Le terme alors employé est celui de « Mitsu-gusoku ». Les compositions sont déposées dans un vase aux cotés d’un brûle-parfum et d’un porte bougie. Lorsqu’il était utilisé deux vases, deux brûle-parfums et un porte bougie on utilisait le terme Itsutsu-gusoku. Le tout était placé devant une image bouddhiste ou devant les 3 hotoke.

Les 3 hotoke sont des divinités bouddhistes, à savoir Amida-nyorai (Amithaba) toujours placé au centre au centre, Kannon-bosatsu à sa gauche et Seishi-bosatsu à sa droite.

En 607 Ono-no-Imoko à son retour d’une ambassade en Chine aurait importé un nouveau style de Mitsu-gusoku. La composition florale était élaborée à l’aide de 3 fleurs seulement. Ono no Imoko était l’ambassadeur de l’impératrice Suiko-Tennô (推古天皇 (554-639)) auprès de la chine des Sui.

Ces compositions florales ne cherchent ni à atteindre un idéal d’esthétisme, ni à symboliser un principe religieux particulier. Elles ne sont que l’incarnation de la dévotion et du respect apporté aux divinités bouddhistes.

Ce n’est qu’avec le temps que tout une symbolique va venir empreindre ces compositions. Les préceptes religieux suivants vont alors faire leur apparition: 
– l’harmonie entre l’Homme et la nature; 
– l’idée d’éphémère et de renaissance; 
– le principe masculin/féminin; 
– Le concept confucéen de trinité (terre/homme/ciel).

Au Xe siècle la notion de sacré va diminuer au profit d’une plus grande recherche d’esthétisme dans la composition des bouquets. Cela a pour effet de rendre cet art beaucoup plus «populaire» sans toutefois que celui-ci ne «descende dans la rue».

Au XIIe siècle, cet art abandonnera une partie de ses codes complexes. De cette « simplification » naîtra le style Rikka (立花). Le Rikka est caractérisé par des bouquets de forme triangulaire. Le bouquet est composé de tiges de nombre impair. Chaque tige porte un nom et une symbolique. A titre d’exemple la plus haute tige est nommée Ryo (sommet) elle symbolise le ciel. Les proportions des bouquets sont aussi réglementées. Ainsi la hauteur du vase utilisée pour la composition doit être équivalent au quart de la hauteur de la composition totale. La hauteur totale de la composition correspond à la hauteur du vase additionnée à hauteur de la plus haute tige. C’est le grand maître Senkei qui formulera le premier les principes devant régir ce type de bouquet.

L’école Ikenobô qui enseigne les préceptes du Rikka, sera la première et la plus ancienne école d’Ikebana. Cette école aurait été fondée par un bonze qui habitait près d’un étang (iké). Celui-ci fut par le suite appelé Ikenobô puis Ikenobô Senkei.

Ce style qui atteindra son apogée au XVIsiècle, sera simplifié au XVIIe siècle avec le style Seikka (活花) qui ne comportera pas plus de deux espèces de végétaux. L’Ikebana ne cessera d’étendre son influence et le nombre de ses adeptes pendant toute l’ère Muromachi (1333 -1574).

Au XVe siècle, apparaît le premier traité d’Ikebana (Sendensho) qui sera suivi au XVIe siècle par le traité Senno Kudden avec le concept de paysage complet. Des nouveaux styles de bouquet font leur apparition, ils visent avant tout à saluer un événement particulier tel le nouvel an, la fête des jeunes filles (le 3 mars), la fête des garçons (le 5 mai)…. Les bouquets réalisés durant cette période sont plus élégants et raffinés (concept de Fûryû) sans pour autant, comme cela sera le cas au XVIe siècle, tomber dans l’abondant, l’opulent.

Parallèlement se développera l’idée de Wabi avec le style Nageire (投げ入れ) «fleurs introduites ») qui prône un retour au sacré, à la simplicité et sobriété. Le Wabi se caractérise souvent par la présence d’une seule fleur dans une poterie en terre cuite.

L’Ikebana évoluera au fil des siècles en s’ouvrant aux femmes au XVIIe, en permettant l’introduction de nouvelles fleurs et en multipliant ses écoles à partir du XIXe siècle. Ce fut Ohara Unshin (1861 – 1914) qui le premier utilisa des fleurs en provenance d’occident pour ses bouquets et qui en fondant son école donnera naissance à un nouveau courant le Moribana ((盛り花) «fleurs groupées»).

L’Ikebana est encore aujourd’hui essentiellement pratiqué à la maison souvent en relation avec le « Tokonoma ». Le tokonoma est, dans les maisons traditionnelles, une sortes de petite niche de faible profondeur et au planché légèrement surélevé, destiné à recevoir un élément décoratif. En dépit de cette habitude bien ancrée, on assiste depuis la première moitié du XXe siècle à une évolution de l’Ikebana. En effet celui-ci tend à s’exposer en devenant un art plastique à part entière faisant l’objet de fréquentes expositions.

Les différents courants

Rikka : Né au XIIe siècle, codifié en 1462 par Sengyô – offrande religieuse – c’est un bouquet dressé de forme triangulaire, composé de sept (classique) ou neuf (depuis le XVIIIe siècle) lignes de charpente représentant l’univers.

Dans chaque oeuvre on retrouve une branche principale nommée “Shin”. Celle-ci est agrémentée par deux autres branches (nommées “Soe” et « Uke ») ayant chacune un rôle spécifique. Toute l’ampleur de l’oeuvre est donnée par une longue branche nommée “Nagashi ». 

La profondeur de l’oeuvre est obtenue par le “Mikoshi ». Le Mikoshi est une branche partant en arrière et en biais. Le “Hikae” est une branche partant vers le bas et qui rejoint le « Maeoki ». Le « Maeoki » est une branche qui fini le bas de l’oeuvre.

Suna-no-mono: L’ensemble des règles du Rikka sont applicables à ce style. La différence réside dans la hauteur du bouquet. Les bouquets de style Suna-no-mono sont beaucoup plus bas. Ils sont formés dans un bassin. La base de chaque branche est cloutée sur des planchettes recouvertes de petits cailloux qui servent à les cacher et à les maintenir.

Nageire: C’est une forme expurgée du Rikka. Dans ce style on abandonne la rectitude des lignes pour donner à l’ensemble une forme plus naturelle. Ce style d’ikebana est encore pratiqué de nos jours.

Chabana : – « fleurs de thé » – arrangement floral conçu pour la cérémonie du thé. Le bouquet ne suit pas les règles strictes du Rikka. Le “Chabana” est caractérisé par la simplicité et le naturel. Le dépouillement est poussé à l’extrême. De nombreuses composition ne sont formées que d’une seule branche.

Seika : XVIIe siècle- 2 végétaux – arrangement floral basé sur le concept de trinité. Cette trinité représente le royaume du ten-chi-jin (ciel/terre/homme).

Shôka : XVIIIe siècle – simplification du Rikka – d’influence confucéenne, le shôka est basé sur le concept de trinité.

Moribana : XIXe siècle – créé par Ushin Ohara (1861 – 1914). Ce style d’arrangement permet l’utilisation de fleurs occidentales. Ce courant est à l’origine de nombreux autres courants avant-gardistes. Il est cependant possible de les classer en deux grands courants en fonction de leurs techniques. Cette classification est purement académique. Ces deux grands courants sont les «naturels» et les «modernes». Les «naturels» respectent plus la plante et les saisons que les modernes. Dans ces compositions, il est possible d’utiliser (compoto) ou non (Nageire) un pique-fleurs. Les «modernes» jouent sur les masses et les volumes. Ce style d’ikebana est encore pratiqué de nos jours.

Jiyûka : Jiyûka signifie « fleur libre ». C’est le style qui domine actuellement. L’asymétrie, le contraste, l’harmonie, l’équilibre, les caractéristiques des éléments, la vivacité sont les principes dominant à ce nouveau style. Chaque école garde comme base leurs styles particuliers.

Exemple et symbole

Le bourgeon et le bouton symbolisent l’avenir, le futur.

La fleur ouverte évoque l’épanouissement.

Le lichen fait référence au passé.

Le pin est le symbole de la longévité. Les aiguilles de pin allant toujours de paire c’est aussi le symbole des époux.

Le bambou se courbe un moment sous le poids de la neige mais se redresse toujours. Il représente la vitalité mais aussi la prospérité de par son développement rapide.

Les fleurs de pêcher représentent la féminité.

Le chrysanthème blanc évoque rivières et ruisseaux.

Le prunier fleurit même par temps froid. C’est donc le symbole de la force vitale.

Les branches de pin symbolisent les rochers et les pierres.

L’asymétrie renvoie vers l’idée de mouvement et de vie.

Les écoles

Les grandes écoles d’Ikebana sont dirigées par des Iemoto. L’Iemoto est une sorte de charge de grand maître héréditaire. Ce système n’est pas propre à l’Ikebana puisqu’il existe aussi pour d’autres arts comme le théâtre . On dénombre au Japon pas moins de 3 000 écoles différentes regroupant environ 20 millions d’adeptes. Chacune obéit à ses propres règles.

– Les grands types d’écoles (ryû) présents en Occident
Ikenobô: qui enseigne le Rikka et le shôka. Site officiel de l’école : http://www.ikenobo.jp/ (version anglaise).

Ohara-ryû : école créée en 1895 par Ohara Unshin (1861 – 1914). Elle enseigne le moribana. Site officiel de l’école : http://www.ohararyu.or.jp/english/index.html (version anglaise).

Sôgetsu-ryû: école créée en 1927 par Teshigahara Sôfu (1901 – 1979). Elle enseigne une forme moderne d’Ikebana utilisant des matériaux ne se trouvant traditionnellement pas dans les compositions classiques (écorces…). Site officiel de l’école : http://www.sogetsu.or.jp/english/index.html (version anglaise).

Ryûsei-ha: école fondée en 1886. Cette école enseigne aussi bien les styles traditionnelles du type Rikka et Seika que moderne avec des cours de « libre composition ». Le site anglophone de l’école : http://www.ryuseiha.net/ (version Japonaise).

– Les grands types d’écoles (ryû) présents au Japon

On dénombre au Japon plus de 3 000 écoles d’Ikebana regroupant plus de 20 millions de pratiquants.
IKENOBÔ – ÔHARA – SÔGETSU – KOHARA – KÔRYU – KAZAN – SEIGUTSU – RYÛSEI – YAMTOKADO …

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