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Shôgun – 将軍

Tokugawa Yoshinobu
Tokugawa Yoshinobu, dernier Shôgun du Japon‎

Shôgun (将軍) est un titre japonais provenant  de la contraction des termes « Sei-i-tai shôgun ». Les termes « Sei-i-tai  shôgun » (征夷大将軍) signifient « Gouverneur militaire contre les barbares ». Ce titre était à l’origine un grade militaire équivalent à celui de Généralissime.  Avec le temps celui-ci acquit en sus une dimension politique et héréditaire. Il vint finalement désigner la personne ayant militairement unifié le japon et exerçant le pouvoir, dont il devient alors dépositaire, par le truchement d’un gouvernement centralisé (bafuku).

Evolution et attribution :

Ere Heian – 平安時代 (794–1185)

Le titre militaire de Shôgun était au départ attribué temporairement par l’Empereur aux chefs d’armées chargées de soumettre les « Ezo ». Une fois la campagne militaire terminée, le titre n’était donc pas conservé par son dépositaire.

Le terme  Ezo renvoie à l’ensemble des peuples situés à l’est de la rivière Shinano offrants une résistance au pouvoir impérial. Durant l’ère Heian sont ainsi désignés comme « ezo » les Emishi (蝦夷) de la région du Tohoku, les Ainu (アイヌ) notamment de l’île de Hokkaido.

Le titre de « Sei-i-tai shôgun », « Shôgun » fut utilisé pour la première fois par l’Empereur Kammu (桓武天皇 (737– 806)). Celui-ci désigna en juin 796, Ôtomo no Otomaro (大伴弟麻呂 (731 – 809))  comme premier Shôgun. Il fut remplacé quelque temps après par Sakanoue no Tamuramaro (坂上田村麻呂 (758 – 811)).

Période de Kamakura –  鎌倉時代 (1192–1333)

Au XIIe Siècle le Japon est la proie d’importants conflits armés opposant les forces du clan Taira (平氏) et du clan Minamoto (源). Le 5 avril 1185 lors de la bataille de Dan-no-ura (壇ノ浦の戦い) le clan Minamoto emporte une victoire décisive et définitive sur les Taira.

Minamoto Yoritomo
Minamoto no Yoritomo

Suite à cette bataille, Minamoto no Yoritomo (源 頼朝 (1147 – 1199) établit le siège de son administration en la ville de Kamakura. La puissance et l’influence du clan Minamoto est telle que le centre du pouvoir bascule de la ville de Kyoto (lieu de résidence de l’Empereur) vers Kamakura. Le siège de l’administration du shôgun, centre de décision politique et militaire, est appelé « bafuku ». En 1192, l’Empereur nomma Minamoto no Yoritomo shôgun. C’est à partir de cette date le titre de shôgun acquière une dimension politique. Son dépositaire étant celui qui exerce réellement le pouvoir. Le titre de shôgun n’est cependant pas encore héréditaire.  Le titre resta dans la famille Minamoto et ses branches collatérales jusqu’en 1333.

Suite au Shogunat de Kamakura certaines règles d’attribution du titre voient le jour. Le prétendant au titre de « Sei-i-tai shôgun » (Shôgun) se devait d’être un descendant de la famille princière Minamoto et devait avoir uni le Japon sous sa bannière.

Restauration Kemmu (1333 – 1336) – un coup d’état pour un titre…

En 1 333 les forces shôgunales sont balayées. L’empereur est restauré en ses droits mais militairement très affaibli. Plusieurs lignées impériales se disputaient alors le trône.

La naissance de ces lignées impériales remonte à l’Empereur Go-Saga (後嵯峨天皇 (1220- 1272)). Deux de ses fils devinrent empereur (Go-Fukakusa (四条天皇 (1243 – 1304)) et Kameyama (亀山天皇 (1249 – 1305))), et donnèrent naissance à deux lignées rivales. La branche impériale descendant de Kameyama est nommée lignée du nord (Hokuchô ou encore Daikakuji-tô). La branche impériales descendant de Go-Fukakusa est dénommée lignée du sud (Nanchô ou Jimyôin-tô).

Finalement, l’Empereur Go-Daigo (後醍醐天皇 (1288 – 1339)) de la lignée du sud parvint à prendre l’ascendant sur la lignée du nord. Il ne s’imposa néanmoins qu’avec l’aide militaire d’Ashikaga Takauji (足利 尊氏 (1305 – 1358)). Ashikaga Takauji fut ulcéré de ne pas recevoir de l’Empereur le titre de « Sei-i-tai shôgun » (Shôgun). Ce dernier l’attribua à son fils le prince héritier Moriyoshi. Ashikaga Takauji s’arrangea alors pour le faire arrêter en 1335. En 1336 Ashikaga Takauji renversa l’Empereur Go-Daigo et intronisa à sa place l’Empereur Kōmyō (光明天皇  (1322 – 1380) second fils de l’ancien Empereur Go-Fushimi.

Ere Muromachi – 室町時代 (1336–1573)

Depuis 1 336 le pouvoir politique et militaire est  exercé par Ashikaga Takauji En 1338 celui-ci se fit  décerner le titre de « Sei-i-tai shôgun » (Shôgun). La famille Ashikaga établit le siège de son administration (bafuku) à Kyoto dans le quartier de Muromachi. Ce titre se transmettra (à une exception prêt) à tous les successeurs de la famille Ashikaga jusqu’en 1573. C’est à cette date que les forces shogunales  furent défaites par l’armée d’Oda Nobunaga (織田 信長). Le quinzième et dernier shogun Ashikaga fut Ashikaga Yoshiaki (足利 義昭 (1537 – 1597)).

Ere Edo – 江戸時代 (1603 – 1868)

Tokugawa Ieyasu
Tokugawa Ieyasu

Au XVIIe siècle deux forces s’affrontèrent : les partisans de Tokugawa Ieyasu (徳川 家康 (1543 – 1616)) et ceux de Toyotomi Hideyori (豊臣 秀頼  (1593 – 1615)). En 1600, lors de la bataille de Sekigahara, Tokugawa Ieyasu écrase définitivement les forces loyales à Toyotomi Hideyori. En 1603 Tokugawa Ieyasu est investi du titre de Shôgun par l’Empereur Go-Yōzei (後陽成天皇). Afin d’éviter les maladresses des précédents Shôgun, Tokugawa Ieyasu instaure très rapidement un système dynastique. C’est ainsi que, même s’il conserve le pouvoir en sous-main jusqu’à sa mort, il transfert le titre de Shôgun en 1605 à son fils Tokugawa Hidetada.

Le titre fut  transmis à tous ses successeurs pendant 250 ans jusqu’à l’abdication de Tokugawa Yoshinobu (徳川 慶喜 (1837 – 1913)) en 1867. 1868 marque la restauration Meiji et le retour de l’empereur aux affaires.  Le titre ne Shôgun ne fut alors plus jamais utilisé.

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