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Jeux au Japon

Stade de la préfecture de Hyōgo
Stade de la préfecture de Hyōgo

Avec la Chine, le Japon possède l’une des législations les plus protectrices d’Asie en matière de paris et de jeux d’argents. Cette position s’explique par la volonté des différents gouvernements successifs de protéger la population contre l’ensemble des dérives souvent associées à cette activité.

Cette position officielle, appliquée depuis l’ère Meiji (明治 (1868 – 1912)) connaît néanmoins quelques exceptions et pourrait bien évoluer dans un proche avenir.

L’interdiction des jeux d’argent ?

Les jeux d’argent sont interdits par le chapitre 23 du code pénal japonais. Lorsque le Japon interdit les jeux d’argent ce sont en fait l’ensemble des jeux de casino qui sont visés (roulette, baccarat, jeux de blackjack, machines à sous, poker,…). Etonnement sont en revanche autorisés certains paris, le toto et certaines loteries.

Les paris sont limités aux « sports publics » (Kōei kyōgi  – 公営競技). On vise sous cette terminologie les  courses de chevaux (keiba) gérées par la Japan Racing Association (JRA), les courses de vélos (keirin), les courses de voitures  et les courses de bateaux (kyôtei). Il est légalement prévu que 75 à 80% des gains soient redistribués au(x) gagnant(s).

Tribunes des supporters de l'équipe de football de Saitama
Tribunes des supporters de l’équipe de football de Saitama

Le « Toto » se situe entre le pari et la loterie. Le joueur  parie sur les équipes de football professionnelles de la ligue japonaise mais c’est le hasard qui le désignera comme éventuel gagnant.

Les loteries (Takarakuji – 宝くじ) sont organisées au niveau de  chaque préfecture et dans la plupart des grandes villes (Tokyo, Osaka,…). Seul 50% des gains sont redistribués au(x) gagnant(s). L’autre moitié est répartie entre les organismes de charités et l’administration locale.

A ces jeux s’ajoute les jeux  de pachinko (パチンコ). Le Pachinko tient une place toute particulière dans l’industrie du Jeu de l’archipel. Plus de 15 millions de Japonais joueraient régulièrement à ce jeu. Pour satisfaire à  cette fièvre du jeu, l’industrie très lucrative du Pachinko aligne plus de 5 millions de machines. Inventé en 1948, ce jeu ressemble à un « flipper ». On propulse des billes de métal qui vont finir leur parcours dans des cases de différentes valeurs. Le joueur est rétribué, en fonction de son score, avec un nombre plus ou moins important de billes de métal qu’il pourra alors rejouer. Le pachinko n’est pas officiellement un jeu d’argent.  Une exception spécifique figure même au code pénal. En effet, les billes de pachinko ne sont pas remboursables. En fin de partie, les billes restantes sont simplement échangeables contre des lots : cigarettes, confiserie, peluches,…  Le système est néanmoins contourné. Des boutiques spécialement dédiées, situées à l’extérieur des salles de pachinko, rachètent les lots ainsi gagnés.

Vers une évolution ?

Si la perception de l’industrie du jeu n’est pas toujours positive, les mentalités et le réalisme économique évoluent. Souvent taxée d’être entre les mains de la mafia ou de créer des addictions, l’industrie des jeux de hasard et d’argent constitue une manne financière non négligeable.

Bien qu’officiellement non autorisés, les jeux de casino en ligne et sur téléphone portable connaissent un véritable engouement auprès de la population. Des sites de casinos gratuits ce sont développés afin de capter une clientèle désireuse de tenter sans risque l’expérience tout en les incitant à passer à une version payante.

 A l’instar de certains pays européens ayant connu la même évolution, il est à prévoir qu’à plus ou moins brève échéance le législateur interviendra afin d’encadrer les pratiques de cette activité et imposer les transactions financières associées.

Certains états limitrophes (Macao, Taiwan, Singapour) se sont lancés dans une véritable guerre économique destinée à prendre le leadership de ce secteur économique. En encadrant strictement cette industrie le Japon s’exclu de la compétition et se coupe d’un important secteur d’activité. Certaines études (notamment une discussion du Parti Libéral Démocrate de 2006) envisagent une libéralisation prochaine du marché Japonais. Celui-ci deviendrait alors l’un des plus importants d’Asie.

Les partisans de cette évolution avancent l’intérêt financier qu’aurait l’Etat à légaliser cette activité ainsi que les retombées touristiques associées au développement de cette industrie (il y a aujourd’hui plus de touristes venant à Macao qu’au Japon). De par sa position le Japon capterait une grande partie de la clientèle des joueurs chinois (la chine interdisant les jeux d’argent). Certains avancent enfin qu’une légalisation des jeux d’argent mettrait un terme aux casinos clandestins et autres activités mafieuses.

Crédits : photographie n°1 : © JNTO, n°2 : © Saitama Convention & Visitors Bureau / © JNTO