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Kanzashi – 簪

Le terme japonais de « kanzashi » désigne l’ensemble des ornements (broches, épingles et peignes) utilisés pour l’agrément des coiffures traditionnelles japonaises. Ces accessoires sont notamment portés par les maiko, les geishas,…

Il en existe une variété impressionnante faisant appel à toute sorte de matériaux, du plus  commun (bois, plastique,…) aux plus nobles (écailles de tortues, soie, or, argent,…).

Les saisons, la position et la qualité du porteur vont régler l’apparence du kanzashi.

Origine des kanzashi

Les prémices des premiers kanzashi peuvent se trouver dès l’ère Jômon (10 000 à 300 av. J.-C.). Les ustensiles utilisés étaient alors rudimentaires. Un simple bois glissé dans les cheveux suffisait. L’esthétique n’était alors pas la préoccupation principale. Le bois ainsi enchevêtré était supposé apporter certains pouvoirs et/ou protections contre les esprits du malin. C’est à la même époque que les premiers peignes vont faire leur apparition.

Durant l’ère Nara (710 à 794 ap. J.-C.) l’influence culturelle, religieuse et artistique chinoise se fait particulièrement prégnante au Japon. C’est à cette période que seront importés de chine des ornements pour les coiffures des femmes répondant au nom de « Zan ». Le terme « zan » s’écrit avec l’idéogramme chinois « 簪 ». C’est ce même idéogramme qui est repris en langue japonaise pour désigner les « kanzashi ».

Lors de l’ère Heian (794 à 1185 ap. J.-C.) le style des coiffures évolue. La mode est aux cheveux longs, raides et noués sur l’arrière. C’est a cette période que les kanzashi, tout comme les peignes décoratifs et les épingles se popularisent. Bien que les coiffures évoluent sous la période Azuchi-momoyama (1582 à 1603 ap. J.-C.) la tendance à l’utilisation des ornements se renforce. L’utilisation de ce type d’ornement atteindra son apogée sous l’ère Edo (1603 à 1868 ap. J.-C.). A cette époque les styles de coiffures sont si variés et élaborés que les kanzashi, suivant cette tendance, se diversifient et gagnent en raffinement. Certains artisans se spécialisent dans leur production et de riches matériaux peuvent être alors employés (écaille, laque, or,…). C’est à cette même époque que sont confectionnés les premiers kanzashi pouvant en sus être utilisés comme arme.

Vers la fin de l’ère Meiji (1868 à 1912 ap. J.-C.) les coiffures s’occidentalisent et les ornements traditionnellement portés commencent leur déclin. Les kanzashi ne sont aujourd’hui quasiment plus portés que par les maiko, les geishas, lors de certaines représentations théâtrales ou cérémonies du thé. L’usage le plus commun reste toutefois lors des mariages traditionnels shintô. A noter toutefois que certaines japonaises n’hésitent pas, de temps à autre, à arborer ce type d’ornement, une fantaisie et une touche de féminité qui tranche avec le tailleur « réglementaire ».

Les différents types de kanzashi

maiko

Kushi : alors que la plupart des kanzashi  sont des broches ou des épingles à cheveux, les kushi sont des peignes. Accessoire de mode traditionnel japonais par excellence ces peignes ont fait l’objet d’une grande attention des artisans japonais. Les kushi sont faits de bois laqué ou d’écailles de  tortue. Leur forme est arrondie, la partie supérieure est suffisamment large pour pouvoir faire apparaître les motifs peints ou incrustés. Les motifs peints débordent très souvent sur les dents du peigne. Les facteurs de kushi usent souvent de nacre ou de feuille d’or pour leur œuvre. Ils peuvent aussi y accoler de petites pièces de soie. Dans ce dernier cas les kushi portent alors le nom de « hanagushi ».

Les peignes traditionnels japonais du type kushi sont généralement portés avec des coiffures composées d’un chignon. Ils sont très souvent accompagnés d’un kogai. Le tout forme alors une parure assortie composée des mêmes matériaux et motifs.

Kogai : Le terme kogai désigne aussi bien la tige de métal intégrée au fourreau des sabres japonais (katana) que le stylet travaillé maintenant le chignon des femmes. Dans le premier cas il servait d’outils multi usages (baguette, outils pour réparer les armures, armes,..). Dans le second cas c’est l’esthétique qui est recherché. Ce stylet est alors extrêmement décoré et composé de matière aussi variée que du bois laqué et peint, des écailles de tortue ou de métaux précieux. L’aspect décoratif  de ce dernier n’empêchait nullement qu’il puisse être occasionnellement utilisé comme une arme. 

Bira- bira : sont des ornements pourvus de petits anneaux de métal dans lesquels viennent s’accrocher de fines bandes de métal. Ces lamelles métalliques se meuvent donc indépendamment. Le mouvement de ces petites pièces de métal est accentué par le chatoiement résultant de réfléchissements de la lumière. Il existe une variante « sonore » des bira-bira. Dans ce cas de petites clochettes peuvent être ajoutées.

Shidare : sont des kanzashi  pourvus de petits anneaux de métal dans lesquels viennent s’accrocher une rangée de fleurs de soie.

Kanoko Dome : c’est sans doute le style le plus élaboré et luxueux de l’ensemble des  broches et épingles traditionnelles japonaises. Les Kanoko Dome se rapprochent des épingles à cheveux. Ces petits bijoux sont généralement portés par les maiko débutantes (apprenties geisha). Ces « épingles » sont insérées à l’arrière de leur coiffure nommée « wareshinobu» et servent à maintenir leur chignon. Kanoko Dome sont dotés d’une forme distinctive et d’une double pointe. Kanoko Dome sont généralement de forme arrondie et, dans une moindre mesure, ceux-ci peuvent prendre la forme d’un papillon ou d’une fleur. Autre élément distinctif de ces petites œuvres d’art, la richesse des matériaux employés : nacre, corail, or, perle, argent, jade et tout autre pierres semies-précieuses.

broche cheveux

Ōgi : ce sont de petites broches en aluminium insérées dans la coiffure par une épingle. Ces broches prennent la forme d’un éventail frappé d’un « mon » ou « kamon » (blason). Elles sont portées à plat sur la coiffure. A l’extrémité supérieure de l’éventail (donc la partie la plus large) se trouve reliée de multiples petites lamelles se mouvant en même temps que son porteur. Ces bijoux sont principalement portés par les maiko (apprenties geisha), les plus jeunes peuvent en arborer deux en même temps.

Une sous-catégorie d’ « Ogi » est spécialement portée durant le mois de juillet par les maiko notamment lors du festival de Gion à Kyoto. L’Ogi portée au mois de juillet par les maiko change d’une année sur l’autre.

Tsumami Kanzashi : Ce type de kanzashi fait référence à la technique de confection de ces accessoires. Ce sont de petits carrés de soie qui sont pliés, selon les mêmes techniques que l’origami, afin d’aboutir à une forme particulières. Les pliages les plus prisés sont ceux aboutissant à la confection d’oiseaux, de papillon et le plus souvent de fleurs. Plusieurs carrés de soie peuvent être nécessaires pour créer l’ensemble des pétales d’une fleur. Les fleurs ainsi obtenues constituent une sous catégorie des Tsumami Kanzashi. Cette sous-catégorie se nomme « hana kanzashi »  (« hana » signifiant fleur). Les fleurs ainsi confectionnées comportent de 5 à plus de 75 pétales. Elles sont généralement portées par paire de par et d’autre de la tête. Ce type d’ornement peut être porté avec d’autre type de kanzashi (Kushi (peigne) et kogai, bira-bira,…).

Les kanzashi selon les saisons

Janvier : les kanzashi portés durant le mois de janvier diffèrent d’une année sur l’autre mais certains thèmes transcendent les années notamment ceux tournant autour de la nouvelle année. Pour la nouvelle année geisha et maiko portent du coté droit de leur coiffure un kanzashi représentant un épi de blé. Certaines portent un kanzashi représentant une colombe dont les yeux n’om pas été dessinés. La geisha ou maiko en dessinera un et demandera à une personne choisie de dessiner l’autre.

Février : les couleurs préconisées sont le rose et éventuellement le rouge. La fleure rosée de  prunier (ume) est à l’honneur. Elle symbolise l’amour naissant.

Mars : Ce sont les fleurs blanche et jaune de pécher (momo), colza (nanohana), narcisses (Suisen), et les pivoines (botan). Le papillon (cho) fait aussi des incursions appréciées comme ornement de saison.

Avril : Le papillon (souvent de couleur argentée ou dorée) est plus présent durant ce mois d’avril. Il fréquente le rose pale des fleurs de cerisier (sakura) et des miniatures représentant les traditionnelles lanternes de papier (bonbori – ぼんぼり). Ces lanternes symbolisent l’arrivée prochaine de l’été.

Mai : ce mois met à l’honneur la couleur bleu-violet  des iris (ayame) et des glycines (fuji).

Juin : Afin d’être en accord avec ce qui est au Japon la saison des pluies, ce sont le vert (des saules pleureurs (yanagi)) et le rose (des hortensias (Ajis)) qui sont mises en avant.

Juillet : les représentations les plus communes sont les libellules, les gouttes de rosée, les feux d’artifice et bien évidemment les éventails très présents en cette saison de festival.

Août : Le plumeau terminant la tige d’une espèce d’herbe à éléphant (susuki)  et le mauve des fleurs de Turbina corymbosa sont très appréciés. Le susuki est représenté de couleur rouge ou rose par les maiko débutantes tandis que les autres utilisent les couleurs argentées ou blanches.

Septembre : C’est l’automne au japon. Sont associés à cette saison la couleur mauve et notamment les éléments végétaux suivants : le trèfle, le chrysanthème (kiku), le kudzu, et la campanule.

Octobre : C’est le chrysanthème, rouge et blanc symbole de la pleine saison automnale, qui a les faveurs de ce mois.

Novembre : Les couleurs favorites de ce mois sont le rouge érable et le jaune feuille morte. Les feuilles de liquidambar et de Ginkgo sont souvent représentées.

Décembre : les feuilles de bambou sont particulièrement affectionnées. Pour attirer la bonne fortune certains portent des kanzashi élaborés à partir de gâteaux de riz soufflé en forme de fleur ou des mochibana (pate de riz).

Photographie : n°1 : ©  JNTO; n°2 et 3 : © Q.Sawami / © JNTO