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Audiovisuel

Tour de Kyoto
Tour de Kyoto

Avec plus de 100 millions de téléviseurs équipant les quelque 45 millions de foyers nippons, la télévision tient incontestablement une place importante dans la vie des Japonais. En 2004, le temps moyen passé devant la télévision en une journée s’établissait autour de 3 h 55 min (29 % du temps devant les chaînes publiques japonaises).

Du point de vue des opérateurs, en mars 2005, on dénombrait 375 diffuseurs hertziens (+ 13), 133 diffuseurs satellitaires (-1), et 548 câblo-opérateurs (- 23 en un an). La diffusion numérique existe depuis plusieurs années sous tous formats, et la diffusion analogique (hertzienne ou satellitaire, fixe ou mobile) doit cesser au Japon en 2011.

TV hertzienne : vers une numérisation avancée

Les chaînes publiques et privées

La télévision de service public Japan Broadcasting Corporation (NHK) offre en hertzien deux chaînes de télédiffusion (l’une généraliste, l’autre éducative) et trois stations de radiodiffusion, plus trois chaînes de télévision par satellite (BS), qui émettent simultanément des signaux analogiques et numériques. 90 % des programmes de sa chaîne généraliste sont en HD, contre 50 % de sa chaîne éducative.

Il n’y a aucune publicité sur ces chaînes, qui sont financées par la redevance publique (système actuellement remis en question au sein du gouvernement).

Le secteur privé est organisé en réseaux de chaînes commerciales régionales. Chaque réseau dispose de « stations clés » à Tokyo : Nippon TV (1953), Fuji TV (1959), TBS (1955), TV Asahi (1956) et Tokyo TV. La seconde chaîne de chaque réseau est située à Osaka. Chaque station dispose d’une autonomie financière et de structures de production propres.

Les chaînes privées sont le plus souvent intégrées à un groupe de communication qui dispose d’un quotidien de presse écrite : Fuji TV et le Sankei, NTV et le Yomiuri (groupe Yomiuri), TV Asahi et l’Asahi Shimbun, TV Tokyo et le Nikkei. Certaines chaînes régionales sont indépendantes des réseaux, comme TVK à Yokohama. L’ensemble des chaînes hertziennes privées sont regroupées au sein de la National Association of Commercial Broadcasters in Japan – NAB.

Les chaînes privées se financent exclusivement par la publicité et le sponsoring. Selon l’article 140 des Critères de Diffusion de la NAB, le volume total hebdomadaire de publicité ne doit pas dépasser 18 % du total de la diffusion hebdomadaire d’une chaîne commerciale.

La télévision numérique terrestre (TNT) fixe

Le système de diffusion de la TNT est devenu opérationnel dans 3 zones pilotes (Tokyo, Osaka et Nagoya) depuis le 1er décembre 2003. Le signal hertzien devrait couvrir près de 40 millions de foyers fin 2006 (84 % de la population).

Le programme gouvernemental pour le développement de la TNT a été lancé en 1997 par le MIC, (Ministry of Internal Affairs and Communications ex- MPHPT). La mise en œuvre et la promotion du programme sont placées sous la responsabilité du Terrestrial Digital Broadcasting Promotion Headquarters, une agence interne du MIC. Le plan prévoit le renouvellement global de l’équipement grand public d’ici 2011 (soit 100 millions de téléviseurs dans 45 millions de foyers), date à laquelle la diffusion analogique sera officiellement abandonnée.

En 2006, on estime à plus de 6 millions le nombre de télévisions compatibles TNT en circulation, pour environ 5 millions d’utilisateurs réels.

One-seg, la TNT mobile

Tous les opérateurs de téléphonie mobile japonais ont intégré la télévision dans leur stratégie, et proposent depuis 2004 des modèles de téléphone portable équipés d’un tuner analogique.

La télévision numérique terrestre est diffusée sur téléphone mobile depuis le 1er avril 2006, dans 29 départements à son lancement et sur l’ensemble des départements d’ici la fin de l’année. Ce service permet de regarder gratuitement les mêmes programmes de TNT fixe sur la partie supérieure de son mobile et de bénéficier d’informations télétexte (texte et liens Internet fournis par la chaîne de télévision) sur le tiers inférieur de l’écran. Cette spécificité de wan-segu (modèle économique fondé sur le télé-achat) fait que les opérateurs mobiles et les chaines de télévision travaillent actuellement à l’élaboration de nouveaux modèles économiques plus profitables. Face à la coopération de NTT DoCoMo avec Nippon TV et Fuji TV, KDDI a finalement décidé de s’associer avec TV Asahi pour créer des services spécifiques Internet-TV. Les diffuseurs et opérateurs étudient donc le comportement des consommateurs, en visant la mise en place de services convergents complets pour 2008, date à laquelle wan-segu pourra offrir des contenus TNT spécifiques pour mobile.

TV par satellite : deux bouquets complémentaires

La diffusion directe par BS – Broadcasting Satellite

A la fin du mois de décembre, on comptait plus de 14,88 millions d’abonnés à un service de diffusion directe, dont 13 millions en numérique. L’opérateur public NHK avait, jusqu’en décembre 2000, le quasi-monopole de la diffusion directe par satellite (analogique), en offrant depuis 1984 deux chaînes : BS-1 (information internationale et sport) et BS-2 (divertissement, musique et cinéma), et depuis 1994 BS-hi en Hi-Vision, nom de la TV haute définition japonaise. A ses côtés, une seule chaîne du secteur privé avait accès à la diffusion directe par satellite : la chaîne cryptée WOWOW, conçue en partie sur le modèle de Canal+ (2,4 millions d’abonnés en juin 2005, chiffres d’affaires de près de 430 millions d’euros). Depuis le 1er décembre 2000, ces quatre chaînes du bouquet BS sont disponibles en numérique, le contenu restant le même pour l’instant.

Ce bouquet de 4 chaînes a été complété par 5 nouvelles chaînes numériques en décembre 2000, le MIC ayant accordé à chaque chaîne hertzienne de Tokyo une licence de diffusion en numérique sur le satellite BS. Ainsi les 5 grandes chaînes hertziennes privées ont créé 5 chaînes numériques : BS Nippon pour NTV, BS-i pour TBS, BS Fuji pour Fuji TV, BS Asahi pour Asahi TV, et BS Japan pour Tokyo TV, démultipliant ainsi l’offre des chaînes existantes. Une dixième chaîne numérique, Star Channel, entièrement dédiée au cinéma est venue compléter le bouquet BS.

Ces chaînes doivent diffuser une partie de leurs programmes en haute définition. Elles sont gratuites (à l’exception de WOWOW et Star Channel), financées par la publicité, afin d’attirer le public, et offrent également des services de transmission de données, dont certains directement liés aux programmes (informations, jeux interactifs, télé-achat). Ces chaînes restent pourtant dans le rouge, avec un résultat d’exploitation négatif depuis l’année 2000 (-19 millions d’EUR en moyenne pour ces diffuseurs en 2004).

La fin de l’analogique, en 2011, devrait aboutir à une réallocation de fréquences, et de nouvelles chaines pourraient voir le jour (le MIC a récemment annoncé l’arrivée de 40 nouvelles chaînes en plus de la dizaine existante).

La diffusion par CS – Communications Satellite

Depuis mai 2000, SKY PerfecTV!, qui a absorbé son seul concurrent DirecTV, exerce un quasi monopole sur la diffusion par satellite de communication. En juin 2005, SKY PerfecTV! totalisait plus de 3,48 millions d’abonnés en janvier 2006. SKY PerfecTV! diffuse près de 300 chaînes (cinéma, sport, musique, divertissement, information et documentaires, loisirs…) dont les chaînes du groupe Murdoch, CNN, MTV, Discovery Channel, etc. Différents bouquets de chaînes sont proposés auxquels peuvent s’ajouter des bouquets thématiques (baseball, séries télévisées, cinéma). Sky Perfect Communications (nom du diffuseur du service SKY PerfecTV!) est en négociation depuis plusieurs mois avec Jsat, premier opérateur satellitaire japonais, pour une éventuelle fusion.

Depuis la fin de l’année 2001, un nouveau satellite, le N-SAT 110 degrés de position nord-est (110°E), est venu compléter les satellites d’orientation sud-ouest JCSAT-3 et JCSAT-4, permettant l’accès à une plateforme d’environ une soixantaine de chaînes de télévision ainsi que de radios.

Un service de diffusion satellitaire mobile est également disponible depuis octobre 2004 : MobaHO!. Il fournit des programmes TV et radio principalement sur récepteur dédié, notamment embarqué en voiture.

Cependant le succès n’est pas au rendez-vous, notamment par l’absence de réception TV sur téléphone mobile (quelques téléphones offrent le service radiophonique cependant).

CATV et IPTV : des marchés dynamiques

La diffusion par câble

En mettant à niveau leurs réseaux et en passant progressivement au numérique depuis 2001, les nombreux opérateurs ont pu augmenter leur offre de chaînes (reprise de chaînes hertziennes, des chaînes de BS et de SKY PerfecTV!) et commencer à offrir des accès Internet à haut-débit (3,23 millions d’abonnés en décembre 2005), de la téléphonie et divers services interactifs (dont la VoD – vidéo à la demande).

Ces réseaux qui couvrent une partie ou la totalité d’une ville, disposent d’une tête de réseau et offrent un service multi-chaînes dont au moins cinq chaînes diffusant des programmes propres. Aujourd’hui, il y a plus de 120 chaînes de télévision pour le câble, réparties sur tout le territoire japonais.

Le principal câblo-opérateur Jupiter Telecommunications (J:COM) possédait fin décembre 2005 : 1,8 millions d’abonnés TV (dont 650 000 seulement en numérique), 910 000 abonnés Internet et 970 000 abonnés à de la téléphonie pour un total de 2,1 millions d’abonnés (22 % en triple-play).

Les câblo-opérateurs commencent également à passer à la fibre optique pour permettre plus aisément la diffusion en HDTV, et propose désormais des offres de triple-play (mais toujours avec TV et voix non IP) en très haut débit.

La diffusion par IP

Plusieurs opérateurs ont lancé des services de TV sur IP (ADSL et FTTx – fibre optique) via décodeur (ou set-top box, STB), associés à de la VoD et souvent à du karaoké. Cette innovation a été rendue possible d’une part par l’accroissement des débits, mais aussi par une nouvelle réglementation entrée en vigueur en janvier 2002, autorisant les diffuseurs de contenus télévisés à utiliser les réseaux de télécommunications. Ces offres sont bien sûr proposées en complément des abonnements à l’Internet haut débit et des services de téléphonie IP en triple-play. Softbank, principal concurrent de NTT sur le marché de l’Internet haut débit, est le premier FAI à avoir mis en place un service de TV et de VoD sur ADSL.

Ces services IPTV sont encore peu usités, mais semblent appelés à se développer plus rapidement avec l’essor de la FTTx. Cependant, la TV sur IP et la VoD soulèvent un grand nombre de problèmes de copyright au Japon car la diffusion de ces programmes est toujours considérée – du point de vue la loi – comme de la télécommunication, et non de la télévision. Ainsi on ne retrouve pas sur IP (TV ou VoD) les programmes hertziens.

Cette différence de statut est pareillement remise en cause au sein du gouvernement.

Il existe également de nombreux sites Internet de VoD, généralement en streaming : payant par accès ou à la vidéo, ou gratuit avec publicité incrustée à la vidéo, mais ce marché semble pour le moment peu profitable (aucun modèle économique convaincant ne s’est encore dégagé). La VoD via décodeur semble plus rentable, même si le marché est encore minime.

Photographie : ©Japan Convention Services, Inc.

Source Mission économique du Japon – 07/06