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Armure de samouraï

Armure Tengu Tosei Gusoku
Armure Tengu Tosei Gusoku

Éléments composant une armure de samouraï.

Les armures sont généralement constituées de plaques ou de lamelles reliées entre elles par un laçage coloré et des cordons. Une armure complète porte le nom de « gusoku ».

Il était d’usage d’incorporer dans une armure des éléments d’armures plus anciennes. Il est donc assez rare de trouver une armure assemblée avec tous ses éléments d’origine.

Une armure de Samouraï se compose de huit éléments essentiels:
• le casque – kabuto
• le masque – mengu (protection de visage)
• la cuirasse – do
• les protections d’épaules – sode
• les brassards – kote
• la jupe – kusazuri
• la sous-jupe – haidate
• les jambières – suneate

Types d’armures de samouraï

Il existait de nombreux types d’armures. L’armure à structure simple plus légère, composée de moins de plaques, était utilisée quotidiennement. Elle était plus facile à porter et à maintenir propre, ce qui était important pour la préservation des lacets.

Comme pour tout vêtement, les armures officielles étaient plus raffinées, ornées d’une multitude d’éléments décoratifs. Ces principes s’appliquaient également au kabuto (casque). Se différenciant des casques plus anciens (comportant jusqu’à une centaine de plaques rivetées), les modèles les plus récents ne possèdent qu’un nombre limité de plaques. Il n’est par ailleurs pas rare que le casque ne soit composé que d’une seule plaque métallique.

Armure d'un nouveau type avec des lamelles rivetées Okegawado Tosei Gusoku
Armure d’un nouveau type avec des lamelles rivetées Okegawado Tosei Gusoku

Ces casques étaient réalisés différemment selon les besoins du propriétaire (apparat, campagne militaire,…), le coût de fabrication pouvant varier considérablement.  Certains casques prirent une forme extrêmement travaillée, tels les kabuto kawari (casques à forme recherchée) pouvant prendre la forme d’animaux, d’esprits,….

Premières armures japonaises (1185-1603)

Les armures les plus anciennes qui datent de l’époque Yayoi (vers 300 av. J-C. / vers 250 ap. J.-C.), étaient constituées de bandes de fer lacées ou rivées les unes aux autres, ou formées de plusieurs petites plaques. L’armure multi-plaques, sans doute d’origine coréenne, a subi quelques évolutions pour devenir l’armure japonaise la plus courante. Les armures de ce type furent portées jusqu’au 9e siècle.

A l’époque Heian (794-1185), un système de conscription militaire fut institué. Quand celui-ci prit fin, l’armée fut remplacée par des troupes de seigneurs provinciaux, ce qui marqua l’émergence de la classe des samouraïs. L’armure de type oyoroi, plus élégante, apparut à cette époque.

Les règles qui encadraient alors le statut du samouraï avaient été formalisées à la création du shogunat, gouvernement de type militaire. Les armures évoluaient pour s’adapter aux besoins des fantassins, qui assistaient les Samouraïs de haut rang.

Au cours des époques Muromachi (1392-1573) et Momoyama (1573-1603), la guerre civile ravageait le pays. Le pouvoir passait des mains d’un daimyo à un autre. C’est à cette époque que les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon. La structure de l’armure fut alors modifiée pour protéger les samouraïs des nouveaux types d’armes introduits par les étrangers.

Epoques Kamakura (1185-1333) et Nanbokucho (1333-1392)

Le premier gouvernement militaire du Japon fut établi au cours de l’époque Kamakura par le clan Minamoto lors de la guerre de Genpei (1180-1185). L’armure oyoroi connut son apogée à cette époque, lors de laquelle les batailles étaient principalement menées par des archers à cheval. Les armures étaient grandes et imposantes. Les casques, très ronds, étaient constitués de lamelles rivetées les unes aux autres.

L’époque Nanbokucho (1333-1392) fut une période marquée par la guerre. Deux cours impériales se partageaient le pouvoir. Deux types de cuirasses similaires virent le jour : l’haramaki et le domaru. Les deux enveloppent le tronc mais, la première se ferme dans le dos, la seconde sur le flanc droit. Toutes deux étaient composées de bandes de cuir et d’écailles de fer laqué indépendantes et entièrement tressées.

Armure Yokohagio Tosei Gusoku
Armure Yokohagio Tosei Gusoku

L’époque Muromachi (1392-1573)

Le Japon fut unifié sous le shogunat des Ashikagas à Kyoto, au début de l’époque Muromachi. Toutefois, la guerre civile éclata peu de temps après et le pays fut plongé dans « l’Âge des Provinces en Guerre » (Sengoku jidai), période qui dura plus d’un siècle (1467-1603). Les fantassins continuèrent à porter l’armure domaru. Le casque de type akodanari de forme bombée et potelée, évoquant un melon, fut conçu à cette époque et couramment utilisé.

En 1543, des marins portugais arrivèrent au sud du Japon, apportant avec eux des fusils à mèche. Les armuriers japonais commencèrent à produire une arme similaire, le teppo. Ils créèrent alors des cuirasses constituées de plaques de métal plus épaisses et d’un seul tenant pour résister à l’épreuve des balles.

L’époque Momoyama (1573-1603)

En 1582, le daimyo Toyotomi Hideyoshi assiégea le château de Momoyama (à Kyoto). Il tenta par deux fois d’envahir la Corée en vain. Ces invasions mobilisaient un nombre important de soldats et d’armures. Les armuriers cherchèrent donc des moyens pour simplifier la fabrication de l’armure. Ils remplacèrent les écailles par une structure en métal d’un seul tenant, découpée pour simuler l’aspect des écailles individuelles et supprimèrent ainsi une technique de fabrication longue et onéreuse.

Cette période flamboyante dans les arts se traduisit par des armures aux formes variées loin des canons esthétiques habituels. Les casques, appelés kawari kabuto, prirent une multitude de formes hautes. Avec l’arrivée des premiers Occidentaux et des armes à feu, la fabrication des cuirasses en métal se généralisa afin d’assurer une protection contre les balles. L’impact du nanban (influence étrangère) contribua à modifier les formes de l’armure, et ce jusqu’à la fin de l’époque Edo (1603-1868).

Les armes à feu jouèrent un rôle déterminant dans la grande bataille de Sekigahara (1600), où la victoire de Tokugawa Ieyasu marqua un tournant crucial dans l’histoire du Japon, menant à son unification.

Armure-Oyoroi-Tosei-Gusoku
Armure-Oyoroi-Tosei-Gusoku

L’époque Edo – Ere des Tokugawa (1603-1868)

En 1603, Tokugawa Ieyasu, premier shogun de la dynastie Tokugawa établit sa cour dans la ville d’Edo (aujourd’hui Tokyo). En 1615, la ville d’Osaka tomba et l’unification du Japon par le shogunat fut complète.

Le Japon resta unifié pendant les règnes successifs de la dynastie Tokugawa, soit près de trois siècles. Pendant cette période de paix relative, l’armure devint progressivement à usage cérémoniel.

Sa fabrication fit alors l’objet d’un plus grand raffinement artistique. A cette époque, le système appelé Sakin Kotai fut mis en place : il exigeait que les daimyo aient une résidence à Edo, qu’ils devaient occuper une année sur deux. À leur départ, comme à leur arrivée, de grandes processions cérémonielles avaient lieu, ce qui leur permettait d’exhiber leur armure comme signe extérieur de leur richesse.

Pendant cette période, l’influence du christianisme importé par les missionnaires portugais devint trop pressante pour le gouvernement japonais. En 1635, les frontières du Japon furent fermées et la pratique de cette religion interdite.

En l’absence de guerre et de nouvelle influence étrangère, les armuriers s’inspirèrent de styles anciens. L’oyoroi ainsi que l’armure domaru revinrent à la mode. En 1853, le Commodore américain, Matthew Perry, entra dans la baie d’Edo et fit, par pression, signer un accord historique sur les relations commerciales entre le Japon et les États-Unis. Ceci a, par la suite, conduit à la réouverture des frontières japonaises et permit le développement du japonisme en Occident. En 1868, la restauration de Meiji eut lieu et le Japon fut de nouveau dirigé par un empereur. La loi de 1876 qui interdit la porte du sabre marque la fin de l’époque des Samouraïs.

Photographies : © Musée du quai Branly – collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller