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Oni

Les oni (鬼) sont des créatures mythologiques provenant du folklore japonais. Leur apparence n’est pas codifiée. Ils prennent toutefois toujours les traits de démons et conservent une forme humanoïde.

Origine

Danse Onikenbai
Danse de sabre (Onikenbai). Homme déguise en « Oni ». Ville de kitakami préfecture d’Iwate

La provenance des « Oni » n’est pas clairement établie. On détecte plusieurs origines possibles :

Il est avancé que les «oni » pourraient provenir des croyances «Shinto ». Croyance autochtone du Japon présent sur l’archipel bien avant l’introduction du bouddhisme. Le Shinto croit et vénère les esprits, les « kami ». Il est donc possible que les « oni » soient tout simplement des anciens « kami ». Avec les siècles ces « kami »  auraient « mutés » en « omi » pour deux raisons possibles : (1) Ces « kami »  auraient pu être associés à des catastrophes, des calamités et autres éléments néfastes et/ou (2) ces « kami » auraient une nature ambivalente. Ayant, au départ, vocation à protéger les hommes des forces des ténèbres, ces forces auraient réussi, par leur proximité, à les pervertir.

Il est possible que les « oni » soient nés de pratiques issues de la cosmologie ésotérique japonaise nommée  « onmyōdō  – 陰陽道 ». Selon ces préceptes divinatoires chaque point cardinal était associé à un animal zodiacal. Le nord-est était une direction supposée négative, les mauvais esprits étant supposés arriver par cette direction. Les animaux du zodiac associés à cet axe étaient le bœuf et le tigre (ushitora – 丑寅). Ceci explique sans-doute pourquoi nombre de temples font face à cette direction et  pourquoi  les « oni » arborent des cornes de buffles et des griffes de fauves. On retrouve cette notion de « faire face », « chasser » les démons, au travers certains ornements de toiture prenant, à l’instar des gargouilles, des traits effrayants (les onigawara).

Apparence

Tuile japonaise Onigawara
Tuile Oni-gawara d’un temple de Ehime

Les « oni » prennent des formes assez variées mais ont toujours des traits humains. Leur peau est souvent de couleur rouge ou bleue. Leurs mains sont la plupart du temps pourvues de griffes, leurs yeux globuleux, révulsés et leur tête cornue. Le nombre de doigts tout comme le nombre d’yeux peut changer d’une représentation à une autre.

Ils sont généralement présentés armés d’un gourdin de métal dénommé « kanabō – 金棒 » et revêtus d’un pagne en peau de tigre.

Leur rôle

Ces personnages mythiques ont une nature ambivalente. Ambivalence puisant dans la nature même de leur origine. Bien qu’ils soient représentés et la plupart du temps perçus comme des êtres malfaisants, certains pouvant dévorer des hommes, le folklore japonais leur attribue parfois un rôle positif.

Les « onigawara », sorte de gargouilles à la forme d’ « oni »,  ornant les toitures de certains édifices, ont pour vocation d’éloigner les esprits malins et certaines catastrophes.

Lors de certains festivals, des hommes revêtus d’une tenue d’« oni », font peur à la foule et plus particulièrement aux enfants dans le but d’éloigner d’eux les démons. C’est ainsi que se déroule, par exemple, tous les 31 décembre de chaque année  le festival « namahage » de la ville d’Oga, (préfecture d’Akita) durant laquelle des hommes avec des maques d’ « oni » défilent dans les rues.

Les « Oni » dans la culture japonaise d’aujourd’hui

Oni Hanabi
Feu  d’artifice Oni Hanabi. Ville de Noboribetsu. Préfecture de Hokkaido

Les « Oni » sont toujours des personnages bien vivant dans la culture japonaise. Dans la région d’Okinawa on les prénome « Uni ».

La plupart des médias dédiés à la jeunesse offrent un terreau fertile à la présence de personnages folkloriques tels que les « oni ».Leur présence est particulièrement prégnante dans les dessins-animés (Lamu), les jeux vidéo (Pokemon, Ôkami,…), les bande-dessinées (Okko,..), … .

On les retrouve aussi dans œuvres destinées à un public plus averti. Les « oni » sont présents dans le monde littéraire tout comme dans certaines pièces de théâtre nô. Le comédien se travesti alors d’un masque prenant les traits d’un « oni ».

Nombre de cérémonies se tenant la veille du printemps (Setsubum, risshum) ont pour vocation de chasser les démons des maisons et des espaces publics. Lors de ces cérémonies (Oni-harai, Ô-harai, Mamemaki) on jette des graines de soja en criant : « Oni wa Soto, Fuku wa Uchi » (« Dehors démons, entre bonheur »).

Photographie : n°1 : ©Iwate Prefecture/©JNTO, n°2 : ©Yasufumi Nishi / © JNTO, n°3 : Noboribetsu Tourist Association / © JNTO