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Yurei – Fantôme japonais

Le terme yūrei (幽霊) renvoie à la notion occidentale de fantôme. Le mot « yūrei » vient de l’adjonction  du kanji « 幽 » (yū) signifiant  pale ou obscur et du kanji « 霊 » (rei) se traduisant par  esprit ou âme.

Croyances

Fantôme japonais
« Spectre d’Oiwa-san ». Série : Cent contes de fantômes – Hokusai

Tout comme en occident la croyance veut que chaque homme possède une âme (霊魂 – reikon) qui au jour du trépas monte au purgatoire. L’âme rejoint ensuite ses ancêtres une fois les rites funéraires accomplis. Un fois par an, au mois d’août, lors du festival de l’Obon, les âmes des défunts reviennent sur terre pour visiter leurs proches et leurs familles.

Il est toutefois trois hypothèses où l’âme de la personne décédée peut ne pas trouver le repos et se transforme en « yurei ».  Ces trois cas sont les suivants:

– Mort violente: meurtre, suicide, accident.

– Rites funéraires non accomplis ou incorrectement effectués,

– Sentiment prégnant au moment du décès: vengeance, haine, amour, regret,…

Dans ces cas le Yurei restera sur terre jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction ou se trouve apaisé par un rite religieux. Des tablettes votives (ofuda) peuvent aussi avoir un effet protecteur ou répulsif. On les trouve souvent à l’entrée des temples et des maisons.

 Le terme Yurei est générique et désigne donc tous fantômes. Cependant, comme en occident il existe tout une typologie de Yurei, fantômes différents.  

Typologie des Yurei

Yurei fantômes japonais
Estampe de yurei – Hokusai

Funayūrei (船幽霊) : les Funayūrei sont les esprits des personnes disparues en mer. Ils sont réputés être malfaisants puisqu’ils cherchent à faire couler des bateaux. Pour se faire ils demandent une écope à l’un des membres de l’équipage puis empli le bateau d’eau à l’aide de celle-ci jusqu’à ce qu’il coule. Selon les préfectures on appelle aussi ces esprits ayakashi, bōko et mōjabune.

Goryō (御霊) : Les « Goryô » sont des fantômes vengeurs (comme les Onryô) mais issus de la classe aristocratique. Ces Yurei étaient surtout représentés pendant l’ère Heian (794 – 1184). Ils prenaient l’apparence de nobles, de samouraïs, de chefs de guerre ou de clan. On leur attribuait le pouvoir de déclencher des catastrophes naturelles et de détruire les récoltes.

Onryō (怨霊) : Onryô signifie littéralement esprit vengeur. Ces esprits ont la capacité de causer des catastrophes allant jusqu’à tuer pour obtenir réparation du tort qu’ils ont subit durant leur vivant. On trouve trace de ces esprits vengeurs dans la littérature japonaise des le 8ème siècle au sein par exemple de « Suite des Chroniques du Japon » ( Shoku Nihongi -続日本紀  ) datant de l’an 797.

Ubume (産女) : Les « ubume » sont des fantômes de femmes décédées lors de leur accouchement ou en ayant laissé derrière elles un enfant en bas âge. Les Ubume reviennent voir leur enfant et cherchent à les protéger.

Umibōzu (海坊主) : ceux-ci correspondent au fantôme de moines s’étant noyés en mer. Ils prennent souvent une apparence humaine aux couleurs sombres. Leur crâne est rasé. A l’instar desFunayūrei, ces fantômes s’emploient à faire couler les navires. Ils demandent un baril à un des membres de l’équipage puis le rempli d’eau de mer jusqu’à ce que le bâtiment sombre.

Zashiki warashi (座敷童) : sont des fantômes d’enfants. Agissant avec une certaine immaturité ils sont plus espiègles qu’il ne sont malfaisants. Ils ne se manifestent que dans des maisons. Certaines croyances considèrent ces esprits comme un gage de bonne fortune pour la maison et au contraire un mauvais augure si celui-ci s’en va.

La forme des « Yurei »

Yurei esprit japonais
Yurei – Hokusai

Les représentations de ces fantômes japonais sont foison. On en trouve depuis des siècles dans les estampes à l’instar de Hokusai et de sa célèbre série des « Cent Contes de fantômes », au théâtre (Contes de la lune vague après la pluie –  Ugetsu Monogatari (雨月物語 ) de Ueda Akinari) et bien évidement au cinéma (The Ring,…)

Apparence physique :

Les fantômes japonais reprennent les traits humains. Ces esprits adopteraient l’apparence qu’ils avaient au moment de leur mort.

– Absence de jambes : Il n’est aucun Yurei japonais qui soit représenté avec des jambes ou des pieds. Tous les fantômes japonais sont supposés flotter dans les airs.

– Cheveux : La plupart des Yurei peints ou dessinés sont des femmes. Elle apparaissent généralement avec  les cheveux noirs, défaits, longs et en désordre. Cette image vient des rites funéraires Shinto employés où il est de tradition de détacher les cheveux des défuntes.

Apparence vestimentaire :

Les yurei japonais sont la plupart du temps représentés comme revêtu d’un kimono blanc. Là aussi cette vision résulte d’un emprunt aux cérémonies funéraire Shintô où le défunt est, à l’instar des prêtes, revêtu d’un kimono blanc symbole de pureté. Certains dessins montrent le Yurei avec un triangle de papier porté au niveau du front  et noué par une cordelette au niveau de la tête. Ce papier, nommé hitaikakushi, était apposé sur le front de la personne afin de la protéger.  Il n’est donc pas surprenant de le voir retranscrit par les artistes dans leurs œuvres. Cet « ornement » permet aussi aisément dans une scène de reconnaitre les vivants des morts.

Hitodoma: Ce sont des petits feux de couleurs bleutées qui peuvent parfois accompagnés le Yurei. Il est possible de les trouver indépendamment d’un Yurei de même qu’il est possible de trouver un Yurei sans Hitodoma.

Lieux hantés

Les Yurei sont généralement attachés à un lieu précis et émotionnellement chargés pour eux (lieu de leur décès, de leur agression, de leur maison, de leur amour déchu,…).

Il est des lieux au Japon réputés pour être encore aujourd’hui hantés. Il en va ainsi de la célèbre et tristement célèbre forêt Aokigahara (青木ヶ原). Cette forêt de 35km2 située au pied du mont Fuji est connue sous le nom de « forêt aux  suicidés ». Elle attire régulièrement comme un aimant des hommes désireux d’en finir avec la vie. Depuis les années 70 des patrouilles circulent couramment dans le but de décourager les éventuels candidats mais aussi afin de ramener les corps de ceux qui sont passés à l’acte.

Le puits du château de Himeji est un autre endroit célèbre. Celui-ci serait hanté par le fantôme de Okiku une servante qui après avoir cassé une précieuse assiette d’un service de 10 pièces aurait été tuée par son maître et son corps jeté dans ce puits.

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