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Geisha & Maiko

geisha

La signification du terme « geisha » (芸者) renvoie à une « personne exerçant les arts ». Leur origine remonte au  XVIIème siècle au moins. Leur fonction n’a d’autre objectif que celui de servir et divertir une clientèle aisée par la conversation, les arts et le jeu. Il est donc établi qu’une « Geisha » ne se livre pas à la prostitution. On estime au jour d’aujourd’hui le nombre de Geisha à moins de 15 000. Chaque grand parti politique entretient un certains nombres de Geisha.

Un peu d’histoire…ApprentissageTôkyô / Kyôto deux écolesLes maisons de Geisha (okiya)
Le maquillageTenu vestimentaireCoiffureCe que les Geisha ne sont pas

Un peu d’histoire…

Il est possible de trouver trace de l’existence de « Geisha » dès le XVème siècle. Elles sont alors considérées, comme aujourd’hui comme un exemple d’élégance et de bienséance. Avant elles leur avaient précédés les « taikomochi » (太鼓持), hōkan (幇間), ou « otoko-geisha ». Les « taikomochi », ou « otoko-geisha » étaient à l’origine (vers le XIIIème siècle) des hommes en charge de servir les Daimyô (seigneur) avant d’évoluer (plus tardivement) vers le « badinage » et la distraction du public. Le rôle qu’occupaient ces hommes échoit avec le temps aux femmes, c’est ainsi que vont naître les premières Geisha. Elles se nomment alors « onna-geisha ».

L’apprentissage

Devenir « geisha » est un enseignement long et difficile. C’est aujourd’hui une démarche volontaire de la part de certaines jeunes filles de suivre l’enseignement conduisant au métier de « Geisha ». Historiquement, certaines familles modestes vendaient leurs enfants à des maisons de Geisha «okiya» (置屋). Ces maisons veillaient alors à l’éducation, au gîte et au couvert ces enfants. Une stricte éducation commençait alors sous la direction d’une « matrone » (Okaasan).

Shikomi

Au début de leur formation les jeunes filles sont astreintes à de lourdes taches ménagères. Les plus jeunes étant plus corvéables que les ainées. Elles sont au service des Geisha. Cette phase et supposée briser et former la futur apprentie Geisha. Cette étape, autrefois assez longue, existe encore aujourd’hui mais n’excède pas quelques mois.

Minarai

Après avoir fait montre de certains talents (notamment en dance) lors d’un examen de passage, les nominées deviennent des Minarai. Elles sont relevées de leurs tâches ménagères et suivent une instruction plus artistique. Les Minarai sont souvent rattachées à une maison de thé elles apprennent notamment la cérémonie du thé…

maiko

Maiko (舞妓)

Au terme de la courte formation de Minarai, elles deviennent des Maiko (apprentie Geisha). Le terme de « Maiko » est propre à Kyôtô à Tokyô (anciennement Edo) on lui préfère le terme de « hangyoku » ou de « oshaku ».

Lors de cette période d’apprentissage la Maiko est assignée à une Geisha qui lui transmettra son savoir et ses connaissances. La relation ainée/apprentie (onee-san/imôto-san) est une facette importante de l’éduction de la Maiko. C’est de son ainée que la Maiko apprendra l’art de la conversation, perfectionnera sa dance, et sa façon de jouer du Shamisen du shakuhachi. C’est son ainée qui l’aidera sans doute à trouver son nom de Geisha et trouvant les Kanji appropriés au regard de son nom et ses qualités. L’apprentissage des Maiko est aujourd’hui largement plus court qu’au début du siècle.

Geisha

La Maiko ne devient « Geisha » (Geiko « 芸妓 » à Kyôto) ou encore « ippon » qu’au terme d’un examen sanctionnant sa maîtrise d’un ensemble de matières artistiques (musique, danse…) et de la cérémonie du « mizu-age ». Cette cérémonie ne pouvait se tenir que si la Geisha en charge du suivi et de la formation de la Maiko, estimait son élève  devenue apte. En devenant Geisha les vêtements et la coiffure de la Maiko vont changer.

« Mizu-age » (水揚げ) signifie défloraison. Cette cérémonie est éminemment symbolique et marque le passage de l’état d’apprentie à celui de « Geisha ». Lors de cette cérémonie la virginité de l’apprentie geisha est mise à prix. Un « parrain » pouvait alors déboursée une importante somme d’argent afin d’acheté cette virginité. Dans les faits cet achat n’impliquait pas nécessairement  des relations sexuelles. Au cours de cette cérémonie le chignon porté par la Maiko est coupé. Il s’ensuit une fête en l’honneur de la nouvelle Geisha.

Tôkyô / Kyôto deux écoles

L’apprentissage des Geisha à la réputation d’être plus aisée à Tôkyô qu’à Kyôto. Encore aujourd’hui certain maison de Geisha (Okiya) dispensent le même enseignement traditionnel à ses pensionnaires qu’au début du siècle. La formation des Geisha de Tôkyô est plus courte que celle de Kyôto. Etonnement, les Geisha de Tôkyô ont la réputation d’être plus âgée que celle de Kyôto. De même les Geisha de Tôkyô passent pour être plus effrontées que celles de Kyôto, qui mettent en avant leur « modestie » et un caractère plus  réservé.

Les maisons de Geisha (okiya)

geisha tokyo

Les okiya (置屋) sont situés dans un quartier généralement nommé hanamachi (ville des fleurs – 花街) ou kagai (à Kyôto). Les quartiers nommés hanamachi sont les quartiers de Gion (Gion Higashi et Gion Kobu), Kamishichiken (上七軒), Miyagawachō (宮川町), Pontochō (先斗町) et Shimabara (嶋原) à Kyôto.

Tôkyô les quartiers accueillant les okiya sont les quartiers de Akasaka (赤坂), Asakusa (浅草), Kagurazaka (神楽坂), Mukôjima, Shinbashi (新橋),  Yoshichō.

Osaka les okiya sont situés dans les quartiers Kita Shinchi, Minami Shinchi et Shinmachi (新町).

Les Oyiya sont entièrement gérés par des femmes. A leur tête l’ « Okaasan » veille au respect de la discipline et au bien être de ses pensionnaires. Ces pensionnaires sont des femmes exclusivement célibataires. Si l’une d’entre elles désirent se marier, elle devra « démissionner » et quitter l’établissement. L’ensemble des taches à l’intérieur de l’Okiya sont attribuées en fonction de la position hiérarchique et l’ancienneté dans l’établissement.

L’entretien de la maison est financièrement assuré par une quote-part prélevé sur gages des « Geisha » en exercice. De même, les domestiques et les « Geisha » retirés de la vie active sont entretenus sur les gages des « Geisha » en exercice.

Les gages de la Geisha sont fonctions de ses qualités, donc de sa réputation, de son expérience et de la durée de sa prestation. Autrefois, la rémunération versée était fonction du nombre de bâtons d’encens consommés. Chaque bâton ayant, selon la Geisha, une équivalence monétaire plus ou moins importante.

Le maquillage

maiko kyoto

Le maquillage de la Geisha va évoluer avec son expérience. Lors de son apprentissage la Maiko est lourdement fardé. Lors de son intronisation comme Geisha, le maquillage change pour devenir plus sobre. Ce changement n’est pas anodin, il marque la maturité acquise par l’ancienne apprentie et souligne sa beauté sans artifices.

L’apprentie Geisha (Maiko) à un maquillage assez distinctif. Le visage est maculé de blanc, la lèvre inférieure est pour partie empourprée, la lèvre supérieure laissée blanche et les sourcils rehaussés de noirs. Au début de leur apprentissage, certaines Maiko se noircissent les dents. Cette pratique se nommait « ohaguro » (お歯黒). Lors de son apprentissage la Maiko se fait aider de sa « grande sœur » (onee-san) une Geisha plus expérimenté lui servant de tuteur.

Les Geisha ne sont pas nécessairement fardées de blanc. Certaines danses ou événements impliquent néanmoins que la geisha soit nécessairement ainsi maquillée.

Les lèvres. Dans sa première année de formation la Maiko (apprentie geisha), pour partie, se colore de rouge la lèvre du bas. La lèvre du haut est ainsi laissée en blanc. Passé la première année de formation  la lèvre du haut vient aussi à être, en partie, rougie. Le maquillage des lèvre va encore évoluer lorsque la Maiko sera admise Geisha. C’est ainsi que, dans ses premières années,  seule la lèvre du haut de la Geisha est maquillée tandis que celle du bas reste blanche. La fraîcheur des premières années terminée la plupart des Geisha modifient le maquillage des lèvres. La lèvre du haut est alors souvent complètement empourprée tandis que la lèvre inférieure est surlignée au crayon, sans que le trait suive la courbure de la lèvre.

Le fond de teint de couleur blanc était à l’origine composé de plomb. Engendrant de graves problèmes de santé, celui-ci fut remplacé par un maquillage élaboré à base de poudre de riz. La poudre est alors mélangé à de l’eau jusqu’à former une pâte. Cette pâte est ensuite appliquée sur le visage préalablement enduit d’huile ou de cire. Afin de  lui donner un aspect plus  lisse et uniforme, on utilise une petite éponge.

 Le fond de teint recouvre le visage, le haut du torse, la nuque et le haut du dos. Seul un emplacement, situé au niveau de la nuque à la racine des cheveux, est laissé vierge de tout maquillage. Cette « espace » sans maquillage prend la forme d’un « V » ou plus souvent d’un « W ». Il est laissé ainsi pour accentuer la charge « érotique » de la Geisha.

Afin de protéger le Kimono, le fond de teint est appliqué avant que celui-ci soit revêtu.

Tenu vestimentaire

geisha éventail

Maiko (apprentie Geigha) et Geisha portent le kimono. L’ensemble des règles vestimentaires applicables au kimono reste applicable aux Maiko et aux Geisha (pour en savoir plus cliquer ici). Le kimono des Maiko est particulièrement coloré. Le Obi servant de ceinture est toujours d’une couleur plus clair que le kimono. Le nœud maintenant l’obi en place est assez spectaculaire. Ce type de nœud se nomme « darari ».  La Maiko chausse un type de sandales en bois nommé « okobo » à l’extérieur et des tabi (chaussette au gros orteil séparé). Les lanière des « okobo » sont rouge pour les toutes jeunes Maiko et jaune pour les Maiko plus expérimentées.

Les Geisha arborent des kimonos aux dessins simples et aux couleurs plus sobres. L’obi, toujours plus clair que le kimono, est noué simplement sans extravagance. Dans certaines occasions il est possible que la geisha revête un kimono plus coloré et plus long nommé « Susohiki« . Les Geisha portent, en fonction des conditions météorologiques, des « Zôri » ou des « Geta » pour l’extérieur et des tabi en intérieur.

Couleurs et dessins du kimono changeront régulièrement au rythme des saisons et des événements. Le col des kimonos change selon le niveau d’apprentissage de la Geisha. Le col du kimono de la Maiko est rouge et blanc rehaussé d’or et/ou d’argent celui des Geisha est entièrement blanc. Pour les cérémonie les plus importante, il est possible que l' »okiya » (maison de geisha) prête à ses pensionnaires geisha, un kimono frappé du blason « mon » (紋) de la maison. Le blason est placé à 5 endroits (sur chaque manche, au devant de chaque épaule et au milieu du dos). Ces kimonos sont de type Kurotomesode (黒留袖). cela signifie qu’il sont noir uni, les seul motifs autorisés se trouvant sous ou au niveau des hanches.

Coiffure

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Aujourd’hui les Geisha portent le plus souvent des perruques. En revanche les coiffures des Maiko sont élaborées à partir des leur propre cheveux. La maîtrise de ce type de coiffure est aujourd’hui un art moribond. Autrefois, afin de préserver la coiffure intacte, les Geiha étaient entraînées à dormir sur un repose nuque sans bouger.

La coiffure des Geisha à évolué selon les époques. Depuis le XVIIème siècle, les cheveux sont relevés pour former une sorte de chignon nommé « shimada » (voir photo ci-contre).

On distingue au moins 4 types de shimada : le « shimada » porté par les jeunes femmes célibataires, le « tsubushi shimada » moins haut, il est porté par les femmes plus âgées, le « uiwata » agrémenté de tissu, et un « shimada » ressemblant à une pêche qui et exclusivement porté par les Maiko.

Ces coiffures sont ornées de peigne et d’épingles à cheveux (Kanzashi – (簪)) très élaborées dont les couleurs et les thèmes varient selon les saison, les mois et les occasions. Pour avoir un aperçu des Kanzashicliquez ici.

Ce que les Geisha ne sont pas

Il est une (fausse) idée largement répandue selon laquelle les Geisha se livreraient à la prostitution. Les Geisha n’offrent pas ce type de service et encore moins contre une somme d’argent. Elles ne sont la que pour divertir leur clientèle par la musique, le chant, la poésie, la danse et des conversations légères. La clientèle se satisfait de ces moments et du plaisir de ce qu’elle ne peut avoir.

Les Geisha peuvent entretenir des relations plus intimes avec certains de leurs clients. Ces relations lui sont alors purement personnels, ne sont pas obligatoires, ne font pas partie de leur prestation et ne sont pas conditionnées au paiement d’une somme d’argent.

La confusion viendrait notamment de la pratique de certaines courtisanes nommées Oiran (花魁). Ce mot était originellement utilisé uniquement dans l’univers des Geisha pour viser les Geisha expérimentées. Le terme fut par la suite galvaudé pour finalement désigner des courtisanes «yûjo». Les Oiran était néanmoins des courtisanes particulières. Elles possédaient en effet un très haut niveau d’éducation et de culture.  De haut rang, ces courtisanes de luxe, à l’instar des Geisha, revêtaient le kimono. La seule chose permettant de distinguer visuellement Geisha et Oiran était le Obi (large bande de tissu formant un nœud et servant de ceinture). Alors que les Geisha portent classiquement le Obi sur l’arrière du kimono, les Oiran le portent sur l’avant.

Sous l’ère Edo, les Oiran pouvait pratiquer leur métier sous réserve de s’être préalablement enregistrées et d’avoir obtenu une autorisation. A contrario, durant cette même période, les Geisha ne pouvaient « normalement » par obtenir ce type d’autorisation et il leur était fait interdiction d’avoir quelconque relation intime.

Un autre facteur à sans doute contribué à la confusion des genres. Au sortir de la Seconde GuerreMondiale, le Japon occupé par l’armée américaine voit se développer le phénomène des « Geesha girls ». Le terme « Geesha » vient de la déformation de la prononciation du terme « Geisha ». Les « Geesha » qui se livrent à la prostitution, s’habillent et se maquillent comme les « Geisha ». Ce mimétisme avait sans-doute un caractère exotique pour la soldatesque occupante.

La plupart des « Geisha » que les touristes aperçoivent dans les rues ne sont la plupart du temps que des femmes prenant l’apparence de Geisha pour notamment divertir certains touristes. Certains prestataires leur  offre même la possibilité de se farder et de s’habiller comme des Geisha.

Crédit photographique : photographies n°1 et n°2 : http://www.petit-carnet.com – Photographie n°3 : ©Japan Convention Services, Inc.; n°4 : ©City of Kyoto / ©JNTO; n°5 : © Kanazawa City / © JNTO; n°6 : © Kanazawa City / © JNTO