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Eventail

Eventail traditionnel en bois et papier de la ville de Kazue
N°1 : Eventail traditionnel en bois et papier de la ville de Kazue

Le terme éventail se prononce « sensu » au Japon.

Il semble que les éventails aient fait leur apparition au Japon en même temps que le bouddhisme, vers le Vème siècle. On trouve trace d’écrits datant du VII ème siècle. D’origine chinoise, les premiers éventails sont arrivés au Japon en passant par la Corée. Les premiers éventails n’étaient pas pliants. Les éventails pliants, sans doute une invention japonaise, feront leur apparition plus tardivement.

Les différents éventails

On distingue généralement les éventails en fonction de leur capacité à se plier (ôgi) ou non (uchiwa).

Les éventails « uchiwa »

Ce sont historiquement les premiers à avoir fait leur apparition sur l’archipel japonais. Ils sont de formes ovales, rondes ou carrés et dotés d’un manche. Les premiers uchiwa étaient en bois parfois agrémenté de peinture. Dans un second temps fut utilisé le cuir laqué avant que le papier puis le tissu fassent  leur apparition.

Les éventails « ôgi »

Conçus avec des lamelles de bois plus ou moins ouvragées, reliées entre elles avec du fil de soie, ce type d’éventail était, à l’origine, utilisé par les hommes. Le travail et la maîtrise du bois s’affinant avec le temps, le papier, puis le tissu faisant leur apparition il fut par la suite adopté par la gente féminine. Ce sont les Portugais qui au XVI èmesiècle furent les premiers à importer ce type d’éventails en Europe.

Les ôgi fabriqués en bois, généralement du cyprès ou du hinoki, se nomment hi-ôgi. Il était possible de trouver une version en métal de ce type d’éventail. Celui-ci servait alors à commander les troupes à l’instar du « gumpai-uchiwa » mais pouvait aussi servir d’arme.

Il existe aujourd’hui une grande variété d’éventails pliables répondant en fonction de leurs nervures à des noms aussi variés que kawa-hori, chûkeo, suehoro, kame-ogi…

Artisan Japonais de Kyoto fabriquant un éventail e amada Hokokun en hakama
N°2 : Artisan Japonais de Kyoto fabriquant un éventail e amada Hokokun en hakama

Usages

L’usage de l’éventail se répand vite au sein de la société japonaise et il n’est pas une classe sociale qui en fit l’économie. Au XVIIIème siècle l’usage des éventails était si populaire que certains, richement

confectionnés par la main de maîtres,  atteignaient des fortunes. C’est ainsi qu’en 1701 le shogun édicta un édit visant à limiter le prix des éventails.

Au-delà de l’usage évident de l’éventail, celui de s’éventer, l’éventail était utilisé dans bien d’autres cas et pouvait alors revêtir une forme particulière.

Usages des éventails uchiwa

Les uchiwa étaient historiquement utilisés pour présenter un menu objet ou un courrier mais aussi pour attiser le feu (shibu-uchiwa). Les premiers étant bien plus richement décorés que les seconds.

Les « gumpai-uchiwa » étaient des éventails non pliables en bois, en cuir ou en métal, utilisés pour commander les troupes sur le champ de bataille. Un soleil était frappé d’un côté et une lune de l’autre. Il est aujourd’hui encore utilisé par les arbitres lors des matchs de Sumô.

Geisha en kimono dansant avec un éventail
N°3 : Geisha en kimono dansant avec un éventail. Ville de Kanazawa

Usages des éventails ôgi

Historiquement, les Shogun de la famille Tokugawa utilisèrent des éventails de type ôgi de très grande taille en guise d’étendard. On nomma ceux-ci « umajirushi ».

Certains jeux de cours, aujourd’hui tombés en désuétude, faisaient appel à un éventail. Ainsi était organisé des concours de poésie calligraphiée sur éventails (ôgi-awase), des lancés d’éventails (tôsenkyo ou ôgi-otoshi), des poésies reflétant la sensation éprouvée après avoir jeté son éventail à l’eau (ôgi-nagashi).

Hier comme aujourd’hui les ôgi furent et sont couramment utilisés par les moines bouddhistes et les prêtres shintô lors des cérémonies. Certains temples vendent des éventails marqués d’un charme à leur fidèle afin que celui-ci leur apporte protection ou autres bienfaits.

On utilise encore dans le cadre de la cérémonie du thé un éventail pliant spécifique, richement décoré, portant le nom de « rikyû-ôgi ».

Un autre type d’éventail « ôgi » est utilisé lors de représentation de théâtre nô. Celui-ci, particulièrement brillant, est appelé « Chukei ».

Enfin, certaines danses traditionnelles font toujours appel à un éventail. Cet éventail porte le nom de « mai-ôgi ».

Geisha en kimono dansant avec un éventail
N°4 : Geisha en kimono dansant avec un éventail. Ville de Kanazawa

Les éventails aujourd’hui au Japon

Hommes ou femmes, les japonais utilisent encore couramment les éventails. Que cela soit à des fins purement pratiques lors des grosses chaleurs de l’été que pour des raisons esthétiques. Il est ainsi fort seyant d’avoir un éventail lorsque l’on revêt un yukata (kimono coloré) lors de fête et il peut être assez élégant pour une femme de se ventiler avec un bel éventail.

S’il est aisé de se procurer un éventail en bois, en papier peint à la main et même en soie, l’éventail en plastique est particulièrement présent. Distribué gratuitement par les grandes enseignes ou certaines sociétés, il sert alors de support publicitaire.

Photographie : n°1 et 3 : ©Kanazawa City © JNTO; n°2 : © Kyoto Convention Bureau © JNTO et 4 : © Kawayama prefecture / © JNTO