ACCUEIL / art / Shoji Ueda

Shoji Ueda

Shoji Ueda
Sans titre, photographie, 1950, Tokyo, Japon

Shoji Ueda est né à Sakaiminato, dans la région de Tottori, en 1913.

Fils d’une famille d’artisans, Shoji Ueda découvre la photographie vers 1928, après s’être intéressé à la peinture. Son père lui offre un Vest-Pocket Kodak en 1929. Il suit les cours de l’université de Yonago, tout en pratiquant de plus en plus régulièrement la photographie.

Il étudie en 1932 à l’Oriental School of Photography de Tokyo et de retour à Sakaiminato, il ouvre un studio. Parallèlement, il intègre des associations de photographes au sein desquelles il montre ses premiers travaux et obtient très vite des prix dans les concours organisés par les magazines.

Il devient en 1937 membre de l’important « Chugoku Photographers Group ». Il signe ses premières mises en scène d’enfants en 1939. Il échappe à la guerre pour des raisons de santé et reprend la photographie en 1945, poursuivant son travail dans les dunes où il se glisse parfois au milieu des membres de sa famille.

L’année suivante, il expose à Osaka. Une première exposition importante à Tokyo se tient en 1953. Edward Steichen l’invite à participer en 1960 à une présentation de la photographie japonaise au Musée d’Art moderne de New York. En 1971, il publie sur le thème des enfants qui lui est cher un travail sous le titre «Children The Year Round». Il publiera très régulièrement des ouvrages qui restent inédits en Europe. En 1978, il est invité à participer aux Rencontres d’Arles et y retournera en 1987. La Photokina de Cologne lui consacre auparavant une exposition en 1982. La disparition de son épouse en 1983 l’affecte beaucoup, au point qu’il perd un temps le goût de la photographie. En 1993, la Tokyo Station Gallery présente une grande rétrospective de son œuvre et publie un catalogue qui fait référence. Il succombe à un infarctus le 4 juillet 2000.

Shoji Ueda
Autoportrait à minuit, 1949, Tokyo, Japon

Au nom de Shoji Ueda, on associe généralement ses images prises dans les dunes : étranges mises en scène de personnages – le plus souvent des membres de sa famille, dont le charme et l’invention n’ont pas d’équivalent dans l’histoire de la photographie. Le reste de l’œuvre, qui évolue en marge des traditions documentaires et réalistes, est mal connu, du moins en dehors du Japon.

Shoji Ueda est né dans une région qu’il ne va pour ainsi dire jamais quitter, et c’est un aspect original de son œuvre : elle se nourrit d’éléments visuels recueillis dans un périmètre limité. Il découvre la photographie à la fin des années vingt et part l’étudier à Tokyo. Mais il revient vite dans sa ville natale où il ouvre un studio et exerce une activité commerciale. Parallèlement, et c’est ce qui va l’absorber de plus en plus, il participe à des concours, publie des images dans les magazines et rejoint des associations de photographes amateurs. Rien ne l’enthousiasme plus que passer des journées entières avec ses amis à chercher des sujets pour ses photographies. 

Mais il découvrira aussi dans un magazine anglais les recherches avant-gardistes européennes qui lui ouvrent des horizons. Il acquiert très vite le goût de l’expérimentation, autre caractéristique de son œuvre.

Shoji Ueda
Automne, c. 1935, Tokyo, Japon

La guerre interrompt son élan. Quand il reprend la photographie, il développe et diversifie son travail au milieu des dunes : il va parfaire son art de la mise en scène, laissant l’improvisation et la spontanéité s’en mêler. Sa pratique de la photographie est par ailleurs étroitement associée à la vivacité de son regard et à son esprit ludique. Poésie et humour habitent ses images dont les qualités sont reconnues dès la fin des années quarante. Si bien qu’il est aujourd’hui considéré au Japon comme l’un des photographes les plus brillants de son siècle.

Un musée Shoji Ueda ouvre ses portes en 1995, dans sa région natale, qui lui est entièrement dédié ; celui-ci conserve une belle collection de tirages de sa main et à partir de laquelle l’exposition présentée à Paris en mars 2008 a été conçue. Celle-ci prend une forme rétrospective et se décompose en plusieurs thèmes : les premières œuvres, le théâtre des dunes, la nature morte et le paysage, les enfants, les voyages et le retour aux dunes.

Source : Dossier de presse de la maison européenne de la photographie, Texte : Gabriel Bauret, photographies : © Shoji Ueda Office