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Samiro Yunoki

Calendrier – 2008 – Coton teint, 306 x 122 cm
– Don Samiro Yunoki, 2013 – MA 12586

Samiro Yunoki est l’un des plus grands maîtres-teinturiers du Japon.

Il est est né le 17 octobre 1922 à Tokyo dans lequartier de Tabata, très fréquenté par les artistes et les écrivains. Issu d’une famille d’artistes, il s’oriente naturellement vers des études d’histoire, d’art et d’esthétique au sein de l’université de Tokyo, malheureusement interrompues par la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est qu’après la guerre, en 1946, que Samiro Yunoki, démobilisé, rejoint le musée Ohara à Kurashiki dans la préfecture d’Okayama, lieu de naissance de son père et important centre de l’école Mingei (abréviation de minshuteki kogeï, signifiant « artisanat » ou « art populaire »). C’est à ce moment qu’il commence à s’intéresser au travail sur textiles de Keisuke Serizawa (1895-1984) ainsi qu’au Kogei no michi (« techniques artisanales ») de Sôetsu Yanagi (1889-1961).

Keisuze Serizawa, avec ses amis potiers Hamada et Xawaï ainsi que le graveur Munakata, fait partie des membres fondateurs du mouvement pour le renouveau de l’art populaire, animé par le pionnier Yanagi. En 1947, Yunoki devient l’élève de Serizawa et se spécialise alors dans l’art textile et plus particulièrement la teinture. C’est Keisuze Serizawa, grand artiste japonais, qui lui apprend à appliquer les pochoirs et la pâte de riz afin de réaliser des teintures en réserve (katazome),littéralement « teinture à partir d’une forme ».

ll soumet pour la première fois son travail en 1949 au « Kokugakai Tenrankai » (association pour l’exposition des art traditionnels japonais)qui expose ses oeuvres chaque année depuis cette date.



Calendrier – 2008- Coton teint. Don Samiro Yunoki, 2013© Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais (musée Guimet, Paris)

Une première exposition lui est entièrement dédiée par la gallerie Takumi de Tokyo en 1950. En 1958 il recevra la médaille de bronze de l’exposition universelle de Bruxelles.

« Il change plusieurs fois de noms au cours de sa vie. Il est ainsi connu sous les noms de Ichiyūsai, Ichiryūsai, Ryūsai et Toyohiro II. Utagawa Hiroshige est le nom d’artiste qu’il prendra en  1812. C’est ce nom qui passera à la postérité. »La sensibilité de Yunoki s’alimenta de sources d’inspiration diverses : ce furent tour à tour la découverte du « good design » scandinave, dans les années 1960, mais aussi les premiers voyages à l’étranger et la découverte de la céramique mexicaine et de l’art de l’Inde, notamment de ses textiles, les papiers découpés de Matisse, etc. Toutes choses qui achevèrent de donner à l’art-geste de Yunoki une saveur et une force bien particulières. Samiro Yunoki a toujours porté l’idée que la distinction entre art et artisanat n’a pas de sens, seuls prévalant par essence le savoirfaire, la qualité des matières et la vitalité qui sous-tend toute création.

À plus de 90 ans, Samiro Yuniko est joyeux et rieur, au coeur de sa belle demeure regorgeant de petits objets, telle un coffre à jouets qui l’inspire. » Sophie Makariou (Présidente du Musée National des Arts Artistique – Guimet.)

Une retrospective est consacrée à l’oeuvre de l’artiste en octobre/novembre 2014 au musée Guimet. Elle fait suite à une donation de Samiro Yunoki au musée de 71 pièces de sa collection.

Eclatantes de modernité, ces oeuvres attestent d’une parfaite maîtrise de la technique japonaise de la teinture au pochoir (katazome).

L’artiste se distingue par l’emploi de couleurs vives, en parfaite harmonie avec la texture du tissu ainsi que par des motifs imaginaires abstraits mais si évocateurs qu’ils en deviennent presque figuratifs. Une extrême clarté des formes et un remarquable sens du mouvement donnent un caractère singulier à l’oeuvre de Samiro Yunoki qui, outre les textiles, s’exprime sur des supports très diversifiés tels que peinture sur verre, collages, sculptures ou livres illustrés pour enfants.

En marge d’oeuvres imprégnées par le Japon traditionnel, une grande partie de son travail est très ouvertement influencée par l’Occident et notamment Matisse. Yunoki ne considère pas ses textiles comme de simples décors en aplats mais comme des objets d’art tridimensionnels et dynamiques qui se déploient dans l’espace.

Source : Dossier de presse de l’exposition « Danse avec les formes – Textiles de Samiro Yunoki » du musée Guimet de Paris. Photographies : © Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais (musée Guimet, Paris)/ Thierry Ollivier