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Panda Petit Panda

L’histoire

Panda Petit Panda

La petite orpheline Mimiko, habite dans la maison de sa grand-mère. Alors que cette dernière s’absente quelques jours, un bébé panda et son papa, échappés du zoo voisin, pénètrent dans la maison… et s’y installent ! Tous trois deviennent rapidement les meilleurs amis du monde… même si le petit panda se révèle être un habitué des bêtises : il sème la panique à la cantine de l’école, manque de se noyer dans la rivière… Jusqu’au jour où il découvre un intrus couché dans son lit : un tigre qui ne retrouve pas le chemin de son cirque. C’est ainsi que Mimiko et les deux pandas le ramènent vers sa maman et qu’ils passent des instants merveilleux au milieu de gens du cirque, allant même jusqu’à sauver tous les animaux d’une inondation ! Cela vaut bien une magnifique parade dans les rues de la ville pour la plus grande joie des enfants !

La genèse de Panda Petit Panda:

Panda Petit Panda est composé de deux moyens métrages, « Panda kopanda » et « Panda kopanda amefuri saakasu no maki » réalisés par TAKAHATA Isao et MIYAZAKI Hayao.

1. Aux origines d’une création commune

Panda Petit Panda

Pour saisir la portée et l’importance particulières de Panda Kopanda dans l’œuvre de TAKAHATA et MIYAZAKI, il importe de remonter quelques années en arrière. Entrés respectivement en 1959 et en 1963 au studio d’animation de la Tôei, TAKAHATA et MIYAZAKI y font la connaissance d’un certain nombre de compagnons décisifs, et s’y lient d’amitié. Parmi ces « compagnons », il convient de citer ÔTSUKA Yasuo, mentor de plusieurs générations d’artistes, et KOTABE Yôichi, créateur graphique de certains des personnages dessinés (à commencer par Heidi). A la sortie de Hols, dont l’exploitation en salles par la Tôei fut plus que timide, ÔTSUKA et TAKAHATA, sont jugés responsables du retard pris par la production, et tous deux sanctionnés par le studio. La première des conséquences sera le départ d’ÔTSUKA pour le studio concurrent « A Production », au printemps 1969. Resté à la Tôei, TAKAHATA finit par comprendre qu’on ne lui confiera plus la responsabilité d’un long métrage à la Tôei. ÔTSUKA l’invite alors à le rejoindre à « A Production », en vue d’adapter pour la télévision la série de romans pour enfants qu’est Fifi Brindacier d’Astrid LINDGREN. Au printemps 1971,TAKAHATA quitte la Tôei, suivi par MIYAZAKI et KOTABE  qu’il a convaincus de le suivre dans l’aventure que représente cette série.

2. La genèse du projet et sa production

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En août 1971, MIYAZAKI accompagne FUJIOKA Yutaka, le président du studio « A Production », dans son voyage en Suède en vue d’obtenir les droits d’adaptation des romans de LINDGREN. Malheureusement l’auteur refuse l’idée même de voir son œuvre adaptée. Pris de court par ce refus, TAKAHATAMIYAZAKI et KOTABE, se trouvent alors cantonnés à des tâches d’animation ou de mise en scène. C’est à cette époque que né le projet de Panda Kopanda, sur une idée de TAKAHATA. Mais la proposition est classée sans suite. Un coup de pouce providentiel va alors déterminer la production de ce film : le 29 septembre 1972, la Chine et le Japon rétablissent leurs relations diplomatiques et à cette occasion, un couple de pandas est offert par la Chine au Japon. Quasiment inconnu des Japonais jusqu’alors, le panda fait alors l’objet d’un véritable phénomène de mode, provoqué par l’arrivée des deux animaux et leur présentation au zoo d’Ueno, à Tôkyô. Au sein d' »A Production », la production du projet est alors relancée en urgence, tandis qu’en parallèle, le studio Tôei met en production un film intitulé Les Aventures de Panda (1973)… Si le récit est élaboré en commun par TAKAHATA et MIYAZAKI, la participation de ce dernier va du scénario et des recherches graphiques à la composition plan par plan (layout) et aux poses-clés. Son apport s’avère déterminant sur le plan visuel, dès les premières esquisses et croquis préparatoires. Avec ÔTSUKA et KOTABE comme directeurs de l’animation, l’équipe trouve la meilleure configuration possible. Le premier film, produit en l’espace de deux mois et demi, sort en salles le 17 décembre 1972. Face au succès rencontré, un second film, doublé du sous-titre Le Cirque sous la pluie, est produit dans la foulée en à peine trois mois, et sort en salles le 17 mars 1973. Si le temps de production de ces films fut particulièrement court (car l’addition des deux films, équivalant à un long métrage, correspond en tout et pour tout à cinq mois et demi de production), l’équipe a su partager une vision et un engagement communs.

3. Une magie au cœur du quotidien

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Les deux films de Panda Kopanda ont pour personnage principal Mimiko, une fillette vivant seule après le départ de sa grand-mère, et dépeignent son mode de vie autonome, n’hésitant pas à accorder temps et attention à la description de tâches quotidiennes. C’est précisément cet attachement aux détails de la vie ordinaire qui permet au réalisateur d’obtenir, dans chacun des deux films, un impact aussi frappant pour la scène d’apparition des deux pandas, véritable irruption d’un élément merveilleux à l’intérieur du contexte le plus familier qui soit. Le rapport qui s’instaure entre les personnages est d’ordre pseudo-familial : la fillette vit seule, sans ses parents, tandis qu’il manque une maman pour le petit panda. La fillette va alors jouer le rôle d’une maman pour le petit panda, et le grand panda jouer celui du père pour la fillette… Le mélange “ordinaire-extraordinaire” se trouve au cœur du projet de mise en scène de Panda Kopanda, dans tous les décalages, jeux et glissements imaginables, et pour un résultat hautement réjouissant aux yeux du public enfantin. Au point que la vision des films en salles et l’observation des réactions de leurs propres enfants surent conforter les membres de l’équipe dans leurs choix. Ainsi, vingt ans plus tard, MIYAZAKI pouvait-il évoquer cette expérience en ces termes : “Je crois que cette adhésion des enfants a déterminé jusqu’à la direction dans laquelle j’allais travailler par la suite”. L’exploration de cette veine ancrée dans la vie quotidienne va prendre dans toute l’œuvre ultérieure de TAKAHATA comme chez MIYAZAKI, une importance considérable. Ici très ludique, elle pourra prendre ensuite un tour plus naturaliste ou dramatique, épique ou pastoral, voire se teinter d’anthropologie culturelle…

4. Sources d’inspiration, références et correspondances

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L’univers visuel de Panda Kopanda est celui de MIYAZAKI. Le papa panda en constitue le signe le plus évident. Il préfigure très clairement ce qui deviendra la figure emblématique de l’œuvre de ce réalisateur, à savoir le personnage-titre de Mon voisin Totoro (1988). La parenté dans l’aspect rassurant et réjouissant induit par la seule présence de ce personnage, est à ce point évidente que le réalisateur affirme de lui-même qu’en ce sens, “Totoro et le Panda incarnent la même chose à [ses] yeux”. Pour le personnage de la fillette, comme pour l’ensemble de l’univers décrit, les réminiscences liées à Fifi Brindacier constituent la veine principale d’inspiration des auteurs. C’est la conséquence naturelle des mois de préparation et de conception dans la perspective entravée d’adapter l’univers des récits de LINDGREN.

Dans Le Cirque sous la pluie, apparaît un autre motif littéraire, celui du conte de Boucle d’Or (ou plus précisément celui des Trois ours de TOLSTOÏ) : la déduction par les deux intrus du quotidien de la fillette et des pandas, passe par la découverte de divers ustensiles de la vie quotidienne (assiette, siège, brosse à dents, etc.) tous présents en trois tailles allant du minuscule au gigantesque. Par ce recours à des personnages témoins aux réactions de panique fortement exagérées, le spectateur enfantin partage avec les auteurs un rire complice qui le situe d’emblée du côté de ces étranges habitants que le film  ne lui a pas encore dévoilés.

D’une manière générale, l’absence parentale, et en particulier celle de la mère, constitue un trait de caractérisation fréquent dans l’œuvre de TAKAHATA (Hols, Heidi, Marco, Anne, Kié, Le Tombeau des lucioles…) comme dans celle de MIYAZAKI (Nausicaä, Laputa, Totoro, Kiki, Ponyo). Si dans le cas de ce dernier, son vécu personnel n’est pas sans lien avec la prégnance d’une telle situation, chez TAKAHATA, cet isolement affectif s’inscrit avant tout dans le cadre plus large de la littérature pour la jeunesse, registre où l’absence de la mère constitue à la fois un procédé permettant d’intensifier la portée dramatique des événements et situations auxquels se trouve confronté le protagoniste, et un aspect commun à la littérature des contes et ses symboliques.

Dans cette “tension dialectique” qui définit le rapport de ces deux créateurs, à la fois amis et rivaux, collègues et concurrents, Panda Kopanda incarne le mieux, le partage harmonieux d’une même recherche aussi bien esthétique (dans la simplicité épurée du graphisme au service du récit) qu’éthique.

Crédits :

Titre : Panda kopanda et Panda kopanda amefuri saakasu no maki

Année de diffusion : 1972 -1973

Durée : 1h15

Idée & graphisme originaux, scénario, layout : Hayao Miyazaki

Réalisation : Isao Takahata

Producteur : Nobuo Inada

Direction de l’animation : Yôichi Kotabe, Yasuo Ôtsuka

Studio décors Modern Creative Group Kobayashi Production

Direction artistique : Hisao Fukuda pour Panda kopanda, Shichirô Kobayashi pour Panda kopanda amefuri saakasu no maki

Directeur de la prise de vue : Tatsumasa Shimizu

Musique : Masahiko Satô

Animateurs : Hayao Miyazaki, Tsutomu Tanaka, Yuzo Aoki, Kenji Kitahara

Couleurs : Hiroko Yamaura

Son : Atsumi Tashiro

Production : TMS Entertainment, Ltd

Dessin Animé : couleur

Source : dossier de presse Gebeka films