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Mur & ouverture

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Généralités

De nombreuses constructions anciennes subsistent dans tout Kyoto, mais relativement peu en bon état. Ceci a l’avantage de pouvoir en étudier la structure. Dans les cas les plus courants, il s’agit d’habitations encore en usage, qui faute de moyens de leur propriétaire, se délabrent inexorablement. L’autre raison est sans doute due au fait que les japonais ne semblent avoir aucune volonté ni politique d’envergure de sauvegarde du « petit » patrimoine architectural autre que religieux, militaire ou impérial. Enfin, il est à noter que le prix de la terre dans ce pays est édifiant et qu’une vielle demeure une fois rasée, libère la place à trois ou quatre petits immeubles, dans lesquels on placera quatre ou cinq familles. Ainsi il n’est pas rare de voir disparaître une maison riche d’enseignements que nous aurions facilement classé au patrimoine architectural de la ville.

Murs de l’habitat

En prenant exemple de cette construction à ossature bois ci-dessus, la structure interne apparaît par endroit, là où les intempéries ont peu à peu lessivé les murs.

Entre chaque poteau porteur extérieur (10×10 à 12×12) distancés de 60 à 70cm, est placé un treillis de lames de bambou, plaqué sur des pièces de bois encastrées horizontalement dans les poteaux (tous les mètres environs).

La structure porteuse est apparente à l’extérieur comme à l’intérieur où le plaquage bois laisse apparaître les poteaux. Un vide d’air de 3 à 5cm le sépare du torchis.

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Il y a trois couches différentes de remplissage. La première est accrochée sur le treillis de bambou. Il s’agit d’un torchis  d’environ 5cm d’épaisseur, composé d’un gros gravier non tamisé (sans doute de rivière), de paille de riz hachée et de terre. Cette couche est recouverte, à l’extérieur, par un torchis composé de sable tamisé, de paille plus fine et de terre. Enfin un mortier fin (composé de chaux ?) sert d’enduit protecteur et permet de faire ressortir les poteaux (par contraste). L’épaisseur totale d’un mur va de 9cm à 15cm (elle dépend du type de construction).

Mise en œuvre de la parois - l'enduit est à peine visible
Mise en œuvre de la parois – l’enduit est à peine visible

Le treillis de bambou, est constitué de deux tailles de lamelles. Des fines (1cm de large) servant au remplissage, tout en laissant de larges espaces pour que le torchis se fixe bien ; des lamelles larges (3cm) pour rigidifier et solidifier – le bambou ainsi taillé étant souple (le poids du mortier ferait bomber la parois). Les lames fines, sont attachées uniquement au cadre de lames large  par des liens en fibres végétales torsadée, (probablement de la paille de riz), enroulées, le long du cadre.

Malgré l’intention de solidifier l’ensemble, il semble que l’irrégularité du treillis, observée sur certains clichés, soit dues au tassement du torchis lors de la mise en œuvre ou du séchage de cette phase. Ce sont les deux couches le recouvrant, qui permettent d’obtenir une surface plane à l’extérieur.

Dans cet exemple (où l’enduit a été tronçonné pour des travaux), le grillage de bambou apparaissant parfaitement, rappelle le ferraillage d’une structure en béton).

Ce pan de mur n’était protégé que par un enduit fin, sur sa face non exposée aux intempéries. Sur l’autre, pas d’enduit, mais un bardage en fine lame de bois (il y a de violentes chute de pluie dans la région).

Comme on peut le voir (ci-dessous) sur cet autre bâtiment, elles reposent sur des tasseaux fixés à même les poteaux de structure.

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Les lames descendent s’appuyer sur une planche chargée d’empêcher l’eau de s’écouler le long du mur (au dessus des tuiles de l’auvent). Elle semble s’enfoncer sous les tasseaux, contre la structure.

Aujourd’hui, le bardage bois est remplacé par un bardage en tôle ondulée (parfois imitation bois par un film plastique, la recouvrant !).

Murs de grenier

Ces constructions doivent avoir une bonne isolation, afin de ne pas subir les contraintes d’un été très chaud, d’un hiver froid et d’un climat assez humide. A ce sujet, les habitations sont très mal isolées (très chaudes l’été et très froides l’hiver). Les murs des greniers sont donc assez épais (de l’ordre de 30 à 40cm). L’épaisseur de terre plus importante est nécessairement plus lourde. Comme le mur est fait de plusieurs couches, celle qui repose sur le grillage ou treillis de bambou, doit pouvoir supporter convenablement les autres (également plus lourdes que s’il s’agissait d’une habitation). Pour que cela soit possible, les artisans japonais pratiquaient des rainures dans la première couche (celle sur le grillage) avant qu’elle ne soit sèche, avec l’outil leur servant à appliquer le torchis. Une fois cette couche solidifiée, ils pouvaient alors appliquer la seconde qui pouvait s’y accrocher.

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Les trois couches : le torchis sur le grillage (avec ses rainures), le torchis plus fin (couche intermédiaire), l’enduit.

Dans certains murs, j’ai observé des rainures verticales placées régulièrement, dans lesquels des cordes avaient été placées.

Ces cordes peuvent avoir deux rôle :

– le premier serait celui d’un genre de joint de dilatation, du fait que cette couche plus épaisse sèche moins facilement qu’une couche fine.

– le deuxième, serait pour justement permettre un séchage uniforme de la parois.

Par contre, il ne peut s’agir d’un moyen de retenir la terre, car les cordes sont lisses (sans nœuds) et ne sont pas prises totalement dans le torchis.

Ci-dessus, un torchis finement haché (Fig n°1) et un torchis « épais » ou « grossier » (fig n°2.)

Murs de clôture

Autre type d’ouvrage en torchis, les murs de clôture. Ceux-ci reposent en général sur un soubassement de pierres d’au moins 30cm de haut. Ce dernier peut être maçonné ou être un simple amoncellement de grosses pierres.

Enfin, suivant le lieu ainsi clôturé, le mur pouvait être laissé à nu, décoré ou couvert d’un enduit. Par contre, tous sont protégés par une protection de tuiles.

La plupart des murs sont bâtis sur une armature de bambou. Seules quelques éléments apparents permettent de dire qu’il s’agit d’un certain type de construction.

Maintenant, il semble que ce soit plus une armature reposant sur le mur, afin d’en soutenir la partie protectrice qui est plus large que le mur proprement dit. Cette armature est largement plus « ficelée » que celle d’un mur de remplissage et est doublée, sans doute pour éviter un cisaillement sur la base plus fine.
Le torchis utilisé peut être plus ou moins fin et avec une ou plusieurs couches, suivant le type de lieu, mais ceci n’est pas une règle générale. J’ai pu constater que dans ce type de mur, l’élément végétal du torchis est fait de jeunes tiges de bambou, tandis que pour l’habitat on utilise soit de la paille de riz, soit une sorte de bambou (cela dépend de ce qui est le plus présent et le plus proche du chantier).

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Je note que parmi les murs observés, un seul comportait une partie en retrait, au dessus du soubassement de pierres, pour éloigner les eaux de ruissellement de la base en torchis. De même, un caniveau à la base du soubassement, tenait le même rôle vis à vis des pierres (contre les remontées) permettant d’en éloigner rapidement l’eau.

Autre type de mur de clôture, celui basé sur la trame d’une habitation, et conçu de la même manière. Le mur y compris les poteaux peuvent ne pas reposer sur un mur de soubassement en pierres. Là, pour empêcher les remontées, des pierres plates sont alignées entre les poteaux, à la surface du sol (bien que cela ne doit pas être très efficace). Le mur est parfois protégé des projections d’eau par des lamelles de bois verticales, disposées jusqu’à un peu plus d’un mètre au dessus du sol. Mais celles que l’on observe dans le cliché ci-dessous, sont là en réparation, pour masquer les trous.

Ouvertures

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Ouverture

Les ouvertures les plus courantes, sont larges, faite en bois et en torchis (pour les systèmes d’occultation et grille). Celles donnant sur des pièces à vivre, sont en bois et placées comme un espace extérieur à la pièce, ces ouvertures donnent en général sur un grenier.

Plus ou moins travaillées et soignées, elles doivent leur progressive fermeture par des panneaux de papier, puis des vitres, de par la transformation du grenier en pièce habitable (densification de la population).

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Grenier

Le modèle d’occultation le plus intéressant, est sans doute celui des greniers, fait de torchis sur un cadre en bois ou en bambou. L’épaisseur totale peut être celle des murs du grenier. Les portes sont supportées par de lourd gonds en métal. Un soin particulier est apporté à la réalisation des éléments mobiles, qui sont en général décorés.

Certains greniers richement décorés, laissent imaginer l’intérieur des demeures.

Les constructions en torchis sont les plus répandues et cet éléments n’est pas pour autant toujours visible car caché sous un bardage. Ce peut être le cas pour des bâtiments exposés aux intempéries ou pour lesquels on a du faire des réparations. La méthode la plus simple dans ce cas, est de masquer les parties endommagées par un bardage bois, le plus souvent horizontal, pour éviter les infiltrations qui nuiraient d’avantage à la solidité de l’ouvrage. Le torchis est présent dans les habitations, les bâtiments agricoles, les ouvrages militaires, et les temples (dans les parois extérieures ou les cloisonnements).